Le défi de former les agriculteurs de demain

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Politiques agricoles et alimentaires

Au Cambodge, choisir de vivre en milieu rural n’est pas la solution de facilité. 300 000 jeunes ont préféré l’exode l’an dernier. Cependant, certains jeunes souhaitent rester et développer une activité agricole. Entrer à la Maison familiale rurale (MFR) permet de se former et de construire son projet même si cela n’est pas toujours suffisant pour espérer vivre de l’agriculture.

Photo : Le déjeuner des élèves de la première promotion de la MFR de Svay Rieng au Cambodge © UNMFREO

Les premières promotions de jeunes (2012-2013) sont sorties des trois MFR (voir le site de l'Union des MFR) qui existent au Cambodge, l’occasion de faire le bilan.
Les MFR ont proposé une formation agricole d’un an mais tous les jeunes ne sont pas allés au bout. Moins de 50 % ont obtenu une attestation de fin de formation du Bureau Agricole Provincial (une vingtaine de jeunes). Les autres ont abandonné la MFR pour travailler dans les usines de textile qui s’installent un peu partout dans le pays, ou pour migrer en Thaïlande où les salaires sont deux à trois fois plus élevés qu’au Cambodge.

Des projets d'installation

Les vingt jeunes qui ont persévéré dans les MFR ont affiné leur projet grâce aux cours dispensés par les moniteurs et aux interventions des techniciens du bureau agricole. La plupart d’entre eux souhaitent développer un petit élevage (porcs, volaille) en complément d’une activité rizicole traditionnelle. Une seule jeune fille a fait le choix de la culture de champignons.
À ce jour seulement trois d’entre eux ont trouvé une aide financière auprès de leurs parents pour concrétiser leur installation comme agriculteurs-éleveurs.
Les projets des dix-sept autres n’ont pas encore abouti faute d’un financement accessible.

Des freins financiers

Au Cambodge, on ne prête qu’aux riches : pour emprunter de l’argent, il faut avoir une caution, du matériel ou un terrain. Ces jeunes sont pour la plupart des enfants de paysans pauvres qui ne peuvent pas réunir ces conditions. Le taux d’emprunt est de 3 % par mois soit 36 % par an. Impossible d’envisager des remboursements aussi importants ! Même les institutions de microfinances prêtent à ces conditions-là.
Pour l’Union nationale des associations MFR du Cambodge, ces questions sont centrales pour continuer à développer la formation des jeunes ruraux. Elle a décidé de partager ses préoccupations avec ses partenaires pour trouver des solutions. Avec la FAEC, une organisation nationale de coopératives agricole qui soutient les MFR, une organisation belge d’appui aux organisations paysannes (ADG) et les AFDI* de Basse-Normandie et du Haut-Rhin, ils ont décidé de rechercher les moyens pour permettre à chaque jeune de développer son projet.

Des pistes de travail

Une piste serait de permettre à chaque jeune d’adhérer à une coopérative avec un statut particulier car il ne serait pas encore producteur. Les coopératives, qui assurent aussi une fonction de financement, pourraient alors faire un crédit de 250 euros aux jeunes en moyenne sur 2 ans à 1 % par mois avec un différé de remboursement d’un an. Ce sont les conditions minimales viables estimées par les jeunes et les administrateurs pour envisager la réussite d’un petit élevage.
Dans un pays, où il n’est pas question de l’installation des jeunes, ni du renouvellement des producteurs et responsables agricoles, parler de ces sujets et envisager de telles perspectives semblent une gageure.
Mais l’Union Nationale des associations des MFR cambodgiennes sait que c’est une des conditions qui permettra aux jeunes de vivre en milieu rural… C’est aussi l’une des conditions pour que les parents s’impliquent dans les MFR et inscrivent leurs enfants en formation.
L’Union Nationale veut prouver aux pouvoirs publics qu’il est nécessaire de se préoccuper de la formation agricole et donc de soutenir les MFR. [...]

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