Essor de la filière soja dans le Sud-Bénin
Bernard Dedjelenou pilote les projets de l’Union régionale des producteurs de l’Atlantique et du Littoral (URP-AL). Cette région du Sud Bénin, qui concentre les grands centres urbains du pays (Cotonou, Ouidah), est déficitaire sur presque tous les produits alimentaires. En partenariat avec l’ONG néerlandaise Agriterra, l’URP-AL appuie les producteurs de soja : cette légumineuse présente l’avantage d’être un excellent substitut protéique aux produits carnés.
Photo : Bernard Dedjelenou
Quelle est la perception des produits locaux au Bénin ?
Il n’existe pas d’a priori sur les produits locaux comme dans certains pays voisins. Les béninois connaissent déjà le fromage à base de lait de vache, fabriqué localement. Mais, les élevages caprins et bovins n’étant pas très développés, l’offre en fromage est réduite et inaccessible aux consommateurs pauvres du sud du pays (le fromage est plutôt produit au centre et au nord du pays). Comme le fromage de soja a un goût semblable et qu’il est très riche en protéines, les gens en consomment sans problèmes. D’autant qu’ils sont conscients que le soja est un aliment très nutritif. Les produits dérivés du soja sont bon marché et s’adressent donc à l’immense majorité de la population béninoise qui dispose d’un faible pouvoir d’achat.
Comment augmenter la production de soja ?
Le gouvernement n'aide les producteurs à se fournir en intrants que pour la production cotonnière. Comme le coton n’est pas adapté dans le Sud, les producteurs s’orientent vers des cultures vivrières telles que le maïs pour l’autoconsommation et la consommation des urbains. Le maïs est le principal aliment de base dans le Sud du Bénin. Nous sensibilisons les producteurs à l’intérêt d’une alternance avec une légumineuse comme le soja pour fixer l’azote dans le sol et améliorer la fertilité des sols. Les 400 producteurs impliqués ont amélioré les rendements et revitalisé les sols grâce à la mise en place d’itinéraires techniques de production plus adaptés et à la gestion intégrée de la fertilité des sols.
Quelle est la fonction de la plateforme multi-acteurs ?
A la sortie du champ comme à la sortie de l’usine, les différents acteurs échangent sur leurs contraintes et sur les prix. Les transformateurs s’expriment sur la qualité du produit dont ils ont besoin et à quelles conditions. C’est généralement une récolte sans déchets, sans paille, sans cailloux. Avec les commerçants, les relations sont souvent difficiles car ils font pression sur les marges des producteurs. Mais comme les producteurs sont en relation avec les transformateurs, il y a une certaine transparence en amont. Ceci favorise l’entente tout au long de la chaîne de valeur.
Le système de crédit interne mis en place répond-t-il aux attentes ?
Le système d’épargne et de crédit a deux fonctions : la première, c’est de permettre aux femmes de créer de nouvelles activités, en plus de la transformation du soja. Elles ont généralement des activités complémentaires pour augmenter les revenus disponibles pour leur famille. La deuxième fonction est de renforcer les liens sociaux entre les femmes. Organisées, elles sont mieux associées aux échanges et prises de décisions au sein des localités, elles ont davantage de poids. [...]
Propos recueillis le 9 avril 2014 par Bastien Breuil.
Creuser le sujet :
- Fiche innovation, Concertation entre acteurs de la filière soja, 2014
- Fiche innovation, Crédit-stockage et pôles d’entreprises agricoles, 2014
- Fiche innovation, Fonio : la filière se concerte, 2013
- Etude, Les organisations paysannes innovent pour se positionner dans les chaînes de valeur, 2011