Mieux conserver l'oignon pour mieux le vendre

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Légumes
Pays : Burkina Faso

Moumouni Nikiema est le coordinateur du Siad au Burkina Faso. Le Siad appuie des maraîchères au nord du pays en partenariat avec Adeco. Ils travaillent à la reconnaissance du rôle des femmes dans le bien-être des familles pour leur faciliter l’accès à la terre et à l’eau. Pour que l’activité leur soit profitable, l’enjeu est aussi de conserver et commercialiser l’oignon sur la période la plus longue possible.

Le prix de vente de l’oignon est-il rémunérateur pour les productrices ?

Le prix de vente est crucial. Une production d’oignons importante mais que l’oignon mais payée à vil prix réduit à néant les efforts pour soutenir les maraîchères.
Pendant les récoltes en mars, le prix tombe à 250/350 FCFA le kilo. Mais quatre mois plus tard (juillet), les prix flambent à 700 FCFA jusqu’en janvier-février de l’année suivante. Les marchés sont alors approvisionnés avec des oignons des Pays-Bas, du Maroc et du Niger.
Il est donc fondamental d’allonger la période de commercialisation. Avant l'intervention d’Adeco les femmes vendaient les oignons uniquement pendant la récolte c'est-à-dire à partir de fin mars et durant tout le mois de avril.

Comment avez-vous allongé la période de commercialisation de l’oignon ?

La conservation de l’oignon dépend des techniques de culture et de récolte (hauteur de coupe). Le respect des itinéraires techniques agroécologiques allonge la durée de conservation. La formation compare les méthodes conventionnelles et les méthodes agroécologiques sur des champs écoles. Ensuite on évalue les résultats en termes de quantité et de qualité (taille des bulbes). C’est indispensable car les populations ne croient que ce qu’elles voient. Les gens sont réticents s’ils n’ont pas de résultat concret sous les yeux. Aujourd’hui, les gens sont convaincus, c’est un combat que nous avons gagné. 

Les différentes techniques et pratiques permettent de conserver l'oignon pendant 3 à 4 mois avec une perte de l'ordre de 30 % pour atteindre juillet et août. Cette conservation permet de vendre le sac à un prix compris entre 25 000 et 27 000 FCFA contre 10 000 à 11 000 FCFA pendant la récolte en avril.

Avez-vous d’autres pistes pour faciliter la commercialisation ?

Nous avions l’idée de mettre en place une Esop (Entreprise de services et organisations de producteurs) et nous avons travaillé en partenariat avec APME2A . L’Esop doit assurer la formation sur les itinéraires techniques et l’accès aux intrants, conserver les oignons et trouver des marchés rémunérateurs. Les productrices devaient être les actionnaires de cette entreprise. Pour le moment, le fonctionnement type Esop n’est pas adapté car les femmes sont illettrées dans leur grande majorité (sur les 500 productrices concernées par le projet, une seule sait lire et écrire) et la notion d’actionnariat leur est inconnue. 

Adeco a plutôt construit un magasin de stockage (équipé d’une bascule et d’une boutique d’intrants) et prospecté des clients pour la vente en gros. Les clients viennent acheter l’oignon en gros au magasin. Ainsi les femmes perçoivent au minimum 400 FCFA par kilo d’oignon plutôt que 225 FCFA si elles commercialisent seules et qu’elles vont de marché en marché, en transportant de petites quantités. [...]

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Creuser le sujet :

- Témoignage, Quel accès aux marchés pour les maraîchers ? Pierre Cuche nous parle d’un projet dans le nord du Burkina Faso, 2013

- Fiche innovation AFDI/AOPP, Amélioration de la production maraîchère, 2014

- Témoignage, Reconquérir le marché des oignons à Kayes au Mali, 2013

- Film, Pour le meilleur et pour l’oignon, 2008