Stéphanie Piveteau nous parle du réseau de paysans de la filière équitable

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Fruits
Pays : Bénin Burkina Faso

Stéphanie Piveteau a animé jusqu’en 2013 des échanges d’expérience et de savoir-faire entre paysans et  transformateurs du Bénin, du Burkina et de France. Le Partenariat Paysans pour un Echange Nord Sud Équitable (PPensé) rassemble l’Association régionale pour le développement de l’emploi agricole et rural Rhône-Alpes (ARDEAR),  l’Union des groupements de producteurs d’ananas du Toffo (UGPAT) au Bénin et le Cercle des sécheurs (CDS) au Burkina Faso.

La filière de jus d’ananas béninois est-elle prometteuse ?

Au moins une dizaine d’acteurs se sont lancés dans le jus d’ananas, à des volumes très réduits. En 3 ans des entreprises se sont créées, comme une unité de cannettes de jus au centre Bénin. Il y a un réel engouement, le marché local est à développer.

Comment choisir entre marché local et marché d’export ?

L’étude faite a montré que le jus d’ananas peut être rentable, le marché local est porteur. Les marges de l’UGPAT seraient plus réduites sur l’export (nécessité d'investir dans du matériel importé pour se conformer aux normes), mais ces marchés peuvent être complémentaires.

Le principal problème des paysans est leur capacité à investir et à trouver des fonds de roulement. L’export en commerce équitable permet le préfinancement, facilite l’accès aux banques et requiert peu de fonds de roulement, mais il est plus risqué.

L’UGPAT a créé l’unité de transformation Covafruit, comment fonctionne-t-elle ?

Covafruit est une vraie unité collective : les producteurs fournissent l’ananas, les femmes le transforment en jus et Covafruit le commercialise. L’exportation d’ananas a augmenté les revenus de certains producteurs, mais Covafruit c’est pour tous : 25 producteurs ont investi pour les 150 producteurs membres et l’objectif est d’écouler l’ananas de tous.

Quelles sont les perspectives pour le marché du jus d’ananas béninois ?

La production est facilement écoulée car elle reste minime (3 000 bouteilles par producteur). Avec un atelier collectif pour 150 producteurs pouvant produire 18 000 litres de jus destinés au marché local, il sera nécessaire de trouver de nouveaux marchés.

Comment s’organise la relation à trois entre l’ARDEAR, l’UGPAT et le CDS-UPROMABIO ?

L’ARDEAR accompagne ses partenaires surtout par la mise en réseau. À la demande des producteurs, nous organisons des missions conjointes en France de l’UGPAT et du CDS-UPROMABIO, et les membres de l’UPROMABIO sont allés au Bénin. Nos partenaires font la réussite : s’ils n’étaient pas convaincus, dynamiques et réactifs, le réseau ne marcherait pas.

Y a-t-il un décalage entre les objectifs politiques et économiques ?

Les paysans de l’ARDEAR sont d’abord des producteurs: ils doivent vendre leur production, donc s’intégrer dans un marché. Il faut soutenir l’entrepreneuriat. Une ferme est une activité paysanne et d’entreprise, qui a besoin d’investir. Si on veut transformer et vendre, il faut accompagner l’investissement, la commercialisation et le marketing.

Le commerce équitable peut-il contribuer à nourrir les villes ?

Le marché urbain local est à mon avis encore trop restreint pour écouler la production d’une OP. Il faut faire évoluer les urbains vers ce type de consommation. La transformation et la conservation des produits sont un élément de réflexion. Proposer des produits élaborés permet de contourner la saisonnalité des produits donc la fluctuation des prix. [...]

Propos des 7 décembre 2011 et 6 juillet 2012 édités par Justine Mounet le 22 août 2013. Photos © ARDEAR-RA

 

Pour creuser le sujet :

Étude, Pour un commerce équitable au service des organisations paysannes, 2011

Étude, Impact du commerce équitable sur les petits producteurs, 2009