Accaparement des terres ou opportunité de développement? FAO
Ce rapport paraît au moment où le phénomène d'accaparement des terres acquiert une visibilité de plus en plus grande dans les médias. Cependant il reste mal connu et mal compris. La question est très sensible car la terre peut avoir une dimension identitaire très forte et elle conditionne également l’accès aux moyens de subsistance et donc la sécurité alimentaire des populations.
Le rapport se concentre sur les acquisitions de terres d'une taille supérieure à 1 000 hectares dans 5 pays d’Afrique sub-saharienne : Ethiopie, Ghana, Madagascar, Mali et Soudan.
Les principales caractéristiques du phénomène :
- nombre très élevé d’acquisition de terres dans les 5 pays étudiés depuis 2004 (2 492 686 ha de terres vendus depuis 2004) ;
- l'acquisition de terres à grande échelle contribue à augmenter la pression sur le foncier car la majorité des terres dites « disponibles » sont déjà utilisées par les populations locales ;
- augmentation de la taille des terres acquises par les investisseurs avec des variations entre les pays ;
- acheteurs issus majoritairement du secteur privé mais sont souvent soutenus par les gouvernements ;
- investisseurs majoritairement étrangers mais les investisseurs locaux jouent également un grand rôle.
Pourquoi un si grand intérêt dans l’acquisition de terres ?
- besoin d'assurer la sécurité alimentaire des pays investisseurs qui n’ont pas assez de terres dans leurs propres pays ;
- opportunités d’investissement dans des secteurs porteurs ;
- politiques favorables et aides financières à la production et à la consommation d’agrocarburants ;
- amélioration du climat d’investissement dans plusieurs pays.
Risques et opportunités
Ces acquisitions de terres comportent des risques et des opportunités pour les investisseurs et les populations locales.
Opportunités : apports de gains au niveau macroéconomique (augmentation du PIB et augmentation des recettes de l’Etat) et amélioration des moyens de subsistance des populations rurales.
Risques : perte pour les populations locales de l’accès à leurs moyens de subsistance et donc une dégradation de la sécurité alimentaire.
Caractéristiques des contrats liés à la terre :
- la location de terre est plus fréquente que l’achat en Afrique ;
- la majorité du temps, les bénéfices financiers ne sont pas en faveur du pays d’accueil ;
- ces investissements peuvent avoir des impacts positifs sur la création d’emploi et les infrastructures de développement ;
- manque de transparence et de contrôle démocratique concernant les contrats d’acquisition (les voix des populations locales sont rarement prises en comptes même quand des procédures légales le prévoient).
Recommandations envers les différents protagonistes :
- les investisseurs doivent prendre en compte les bénéfices pour le développement dans leurs options d'investissements ;
- les gouvernements qui accueillent ces investisseurs doivent placer le développement durable au centre de leur prise de décision concernant les investissements ;
- les populations locales et rurales devraient maximiser les bénéfices qu’elles peuvent tirer des investissements tout en luttant pour limiter les impacts négatifs comme les expulsions.