Acteurs de la filière lait au Mali
Bien que le Mali dispose d'un important cheptel bovin et ovin-caprin, il est dépendant des importations de lait en poudre et de lait concentré, en raison notamment de l'insuffisance des moyens de conservation. Dans le cadre du programme "Agriculture et Alimentation" Fondation de France / CFSI (appel 2011), un projet de valorisation du lait local et de développement des mini-laiteries rurales se déroule dans la région de Fana. Mahamadou Tall, Bréhima Traoré, éleveurs, et Abdoulaye Goïta, revendeur, participent à ce projet qui entend développer la filière lait local pour améliorer les revenus et la souveraineté alimentaire du pays.
Quels ont été les bénéfices de votre collaboration avec la laiterie de Fana ?
Bréhima Traoré : Je suis éleveur à Wérékéla, j'ai commencé à travailler avec la laiterie il y a plus de 10 ans. Je n'avais pas un troupeau important mais cette collaboration m'a permis de constituer un noyau d'élevage. Avant nos animaux partaient pour la plupart en transhumance pendant la saison sèche et ceux qui restaient étaient très affaiblies pour cause de mauvaise alimentation. Avec le conseil en alimentation et le suivi sanitaire, nous n'avons plus ces problèmes et les vêlages se font tous les ans. J'ai moi-même appris à préparer et stocker du foin pour les animaux. L'aliment bétail distribué permet de produire du lait comme à l'hivernage et en cette période de soudure, aucune autre activité ne permet de faire face aux besoins d'argent.
Mahamadou Tall : Je suis éleveur à Fana et j'ai commencé à travailler avec la laiterie il y a un peu plus d'un an. Je peux dire aujourd'hui que j'ai eu beaucoup d'avantages. J'ai construit un silo pour les résidus de récolte cette année. La collaboration incite à un suivi permanent de la santé des vaches et à mieux les alimenter. Les vêlages réguliers et le lait obtenus sont des avantages très importants aussi. Par ailleurs, nous avons un lieu sûr pour la vente de notre lait, même si les prix ne sont pas toujours attractifs.
Abdoulaye Goïta : J’ai beaucoup bénéficié de cette activité de vente de lait qui occupe aujourd’hui une très grande place dans ma vie. La réalisation de cette activité me permet de subvenir aux besoins de ma famille. Je suis même arrivé à investir dans l’élevage de petits ruminants qui me rapporte aussi d’autres revenus, tout cela grâce à la vente du lait. Vous comprenez donc que je ne peux prendre ce travail à la légère car la survie de ma famille en dépend et elle me rapporte gros.
A quelles difficultés êtes-vous toujours confrontés ?
Bréhima Traoré : Les ventes de lait effectuées en hivernage ne rapportent pas beaucoup d'argent et tout le lait que je produis n'est pas enlevé par la laiterie. Je souhaiterais que la laiterie produise des gammes de produit à forte valeur ajoutée et prenne tout le lait produit en hivernage
Mahamadou Tall : Le matériel de la laiterie semble insuffisant pendant l'hivernage, nous souhaiterions que les capacités de stockage soient plus importantes. Nous sommes obligés de faire du porte à porte pour vendre notre lait et les prix proposés sur le marché ne sont pas encourageants.
Abdoulaye Goïta : Le moyen de déplacement que j’utilise en ce moment (vélo) est la difficulté majeure dans l’exécution de mon activité mais on peut citer d’autres contraintes comme les coupures d’électricité et les dépenses que je fais pour l’achat de glace une fois que je quitte la laiterie avec les produits pendant le temps de vente que je fais à Bamako.