Agroécologie : capitalisation d'expériences en Afrique de l'Ouest
Douze ONG et universités ont travaillé ensemble pour évaluer les facteurs clefs du développement de l'agroécologie en Afrique de l'Ouest, ainsi que ses impacts. Trois zones ont été étudiées dans trois pays différents (Burkina Faso, Sénégal, Togo). Le présent rapport synthétise leurs résultats.
Facteurs clefs pour l'adoption de pratiques agroécologiques
- Répondre aux objectifs des agriculteurs : privilégier une combinaison de pratiques agroécologiques qui répondent à la fois aux objectifs à court terme de l'agriculteur (alimentation, revenus) et aux objectifs à plus long terme (fertilité des sols, etc.) ou d'intérêt général. Les délais pour le retour sur investissement des pratiques agroécologiques doivent être pleinement pris en compte ;
- Savoirs nouveaux : éviter certaines pratiques et systèmes trop complexes, privilégier les pratiques qui font appel à des savoirs traditionnels plutôt qu'à des savoirs nouveaux, prévoir un cadre d'échange de connaissances et de savoir-faire entre agriculteurs ;
- Surcroît de travail : privilégier les pratiques agroécologiques qui sont moins exigeantes en travail, notamment pendant la période de l'année où il y a une concurrence d'autres travaux agricoles, prévoir des mécanismes de mobilisation et de financement de la force de travail salariée, etc ;
- Matière organique : prendre en compte tous les facteurs qui limitent la disponibilité et la valorisation de la matière organique (attention particulière à la question du transport) ;
- Economie de l'exploitation : il convient de prévoir des mécanismes de financement pour les éventuels équipements spécifiques, de créer de filières d'aprovisionnements de certains intrants, de créer des filières de commercialisation de certaines productions nouvelles, etc.
- Accès à la terre et aux autres ressources naturelles : l'insécurité foncière est un frein majeur aux investissement agroécologiques. Il faut donc étudier les règles d'accès au foncier et voir avec les autorités et les populations comment ces règles peuvent évoluer en faveur du développement de pratiques durables ;
- Politiques publiques : aides à l'achat de tel ou tel type d'équipement ou d'intrants, politiques agricoles et commerciales influant sur les prix, politiques de formations, politiques d'appui technique, etc. Elles peuvent toutes encourager/ décourager l'adoption de pratiques agroécologiques ;
- Dispositif d'intervention : il doit identifier des pratiques particulières à promouvoir, laisser de la place à l'expérimentation paysanne, aux échanges entre agriculteurs, accompagner les agriculteurs dans le temps, cohérence avec les politiques publiques, etc.
- Nécessité d'un raisonnement global : prendre en compte la rentabilité différée, la perception du changement comme une prise de risques supplémentaire, la perception négative que peut avoir la remise en cause des pratiques, raisonner à l'échelle du système d'exploitation, voir su système agraire.
Effets positifs sur les revenus et les rendements
L'étude a démontré les effets positifs de certaines pratiques agroécologiques (notamment fumure organique) sur les revenus des agriculteurs. Dans certaines situations, les effets sont considérables, les pratiques agroécologiques permettant de dégager des revenus par actif familial de 2 à 4 fois supérieurs à ceux des autres familles. C'est par exemple le cas des exploitations qui intègrent fortement agriculteur et élevage au Sénégal. Des impacts positifs en termes de régularité des revenus, sécurité alimentaire et nutritionnelle et d'emplois ont aussi été appréciés, plus qualitativement.
En matière agro-environnementale, le gain de rendements pour les céréales pluviales est estimé à 50 % pour les parcelles où les pratiques agroécologiques sont combinées.