Au Sénégal: du fourrage agroécologique pour le lait local
Aliou Ba est coordonnateur du Projet de renforcement de l’offre de services aux petites entreprises rurales et des innovations technologiques des éleveurs (Prospérité) de l’Adena. La production en quantité et en qualité du lait est liée à la maitrise de deux paramètres importants : l’alimentation du bétail et la santé animale. Si depuis quelques années, l’Adena œuvre à résoudre la question de la santé animale chez ses membres, l’alimentation du bétail demeure une préoccupation entière qui exige de plus en plus de pratiques novatrices dans le contexte actuel.
Pourquoi l’Adena s’intéresse-t-elle autant à l’alimentation du bétail ?
La question de l’alimentation du bétail a été identifiée comme l’une des préoccupations majeures relatives au développement de l’activité de l’élevage. L’organisation paysanne Association pour le développement de Namarel (Adena) est dans la logique selon laquelle lorsque les animaux sont bien entretenus et bien alimentés, ils produisent suffisamment de lait. Du fait de l’importance du lait pour ses membres, l’alimentation du bétail est alors inscrite au nombre des questions prioritaires sur lesquelles l’association s’investit.
En quoi le lait est-il important pour l’Adena et comment est-il valorisé ?
Le lait est très présent dans l’alimentation des ménages des membres de l’Adena. Il est également source de revenus. Toutefois, il s’agit d’un produit très périssable. Afin de mieux le valoriser, l’Adena avec l’appui du ministère des Affaires étrangères de l’Italie, a mis en place en 2008, à Namarel (où se trouve son siège), une unité de transformation laitière (UTL). L’UTL a commencé à fonctionner à partir de 2010. Elle transforme et commercialise le lait acheté auprès des membres.
Dans quel contexte l’Adena a-t-elle développé le projet Prospérité ?
Pour contribuer à sécuriser les revenus de ses membres par le développement de leurs activités (l’une de ses principales missions), l’Adena travaille à résoudre les contraintes qui affectent le développement de l’élevage et sa rentabilité. Entre avril et décembre 2012, l’UTL de l’Adena est restée fermée en raison de la non-disponibilité du lait. En effet, les parcours naturels n’arrivaient plus à alimenter convenablement les troupeaux qui ont donc été déplacés pour la plupart. La fermeture de l’UTL a eu pour conséquence directe l’absence de revenu pour les femmes qui l’approvisionnaient et pour celles qui y travaillaient comme transformatrices de lait. C’est face à ce problème qu’en réponse à l’appel à initiatives du programme Jafowa, a été formulé le Projet de renforcement de l’offre de services aux petites entreprises rurales et des innovations technologiques des éleveurs (Prospérité).
Quelle innovation a apporté le projet ?
L’initiative repose sur la mise en place des parcelles fourragères agroécologiques qui puissent alimenter le bétail aussi bien en saison pluvieuse qu’en saison sèche afin d’assurer la disponibilité du lait pour approvisionner l’UTL et par ricochet sécuriser le revenu des femmes.
Comment a été choisie l’espèce végétale pour le fourrage ?
L’identification de l’espèce végétale devait répondre à l’enjeu de disposer de fourrage pour alimenter les troupeaux tout au long de l’année et plus particulièrement en saison sèche où les vents secs et les feux de brousses détruisent les parcours naturels. Nous avons fait des recherches documentaires et des entretiens notamment dans le cadre de nos différents voyages d’études, qui nous ont conduits à identifier deux espèces, le pennisetum et le panicum, que nous avons expérimentées sur une parcelle pilote. Au terme des essais, le pennisetum s’est démarqué par son appétence pour les vaches et par le rendement que nous avions obtenu (500 tonnes de fourrage par ha), largement supérieur aux prévisions (280 tonnes par ha). C’est donc cette espèce qui a été retenue et disséminée dans le cadre du projet Prospérité.
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Problématique, recueil et édition des propos en janvier 2019 par Yvon Saroumi (Inter-réseaux), édition finale par Isabelle Duquesne (CFSI) en février 2019
Ce projet fait l’objet d’un financement de la part du programme Joint Action for Farmers’ Organisations in West Africa - Jafowa (www.jafowa.org).