Comprendre les investissements fonciers en Afrique. Rapport Ethiopie
Pendant des décennies, l'Éthiopie a été présenté au monde extérieur comme un pays où sévissent famine, pénuries alimentaires, faim et surtout comme un pays dépendant de l'aide étrangère. En 2009, 7,8 millions d'Éthiopiens (soit 10 % de la population) étaient victimes de famine chronique. En 2008 avec la crise alimentaire, 6,4 millions de personnes sont devenues dépendantes de l'aide alimentaire (ce chiffre est passé à 4,9 millions en 2009).
Malgré une aide atteignant des milliards de dollars, les Éthiopiens restent parmi le plus pauvres au monde.
Depuis 2008, le gouvernement éthiopien a lancé un processus d’octroi de terre aux investisseurs agricoles étrangers et nationaux. Cette étude d’Oakland Institute montre que près de 3 619 509 ha de terre ont été accordées aux investisseurs, selon les données disponibles. Selon l'Agence éthiopienne d'investissement, 1100 investisseurs étrangers ont été recensés depuis 2005.
Le gouvernement éthiopien souhaite que ces investissements contribuent à la sécurité alimentaire des populations et à long terme à un transfert de technologies au profit des petits agriculteurs familiaux.
Ce rapport propose une analyse sur le terrain des impacts réels de ces investissements agricoles aussi bien pour l’économie nationale que pour les populations locales.
Les conclusions générales de cette recherche sont :
- il existe un réel décalage entre la position officielle des autorités (lois, politiques publiques, politiques agricoles, procédures,…) et les réalités de terrain. Selon la Constitution, les paysans ont droit à des compensations (rémunération) en cas de l'expropriation de terres. Mais en pratique, peu de paysans reçoivent des compensations. Bien au contraire, certains sont expulsés manu militari de leurs terres.
- les investissements et les octrois sont réalisés sans aucune limite sur utilisation d'eau, aucune étude d’impact environnemental ou contrôle environnemental, ce qui a des conséquences sur la préservation de l’écosystème et risque d’affecter l’économie éthiopienne fortement dépendante de l’agriculture
- de nombreux cas d’accaparement des terres impliquent non pas de gros investisseurs étrangers mais des petits investisseurs locaux ou issus de la diaspora
Il apparait impératif qu’un cadre juridique plus strict soit élaboré et respecté afin que les droits des populations locales soient respectés et leur sécurité alimentaire préservée