Croissance de l'Afrique : libérer le potentiel de l'agro-industrie
Selon ce nouveau rapport de la Banque mondiale, le secteur agricole et agroalimentaire africain pourrait tripler d'ici 2030 si les gouvernements procédaient à une refonte radicale de leurs politiques agricoles.
Si les gouvernements africains accordent davantage d'importance à l'agriculture depuis quelques années, leurs soutiens devraient s'étendre à l'agro-industrie ("agribusiness") comme moteur de la création d'emplois et de revenus selon les auteurs du rapport. Partant du constat que les ressources naturelles du continent seraient sous-exploitées*, ils mettent en avant les opportunités pour les investisseurs privés. La forte croissance de la consommation des villes africaines et les prix élevés sur les marchés mondiaux pourraient absorber cette production supplémentaire, essentiellement en riz, céréales fourragères, volaille, lait, fruits et légumes, mais aussi en produits d'exportation classiques comme le cacao, l'huile de palme, etc.
Rapport dans la ligne Banque mondiale classique...
Se fondant sur de multiples études, analyses de filière et dires d’investisseurs et d’experts, le rapport formule des recommandations à l’usage des décideurs qui sont dans la ligne traditionnelle de la Banque mondiale. Il s’agit notamment de déréguler les marchés nationaux, de libéraliser le commerce extérieur, de séparer le marché national avec des produits de moindre qualité d’un marché d’exportation avec des producteurs capables de respecter les normes internationales, d’abattre les barrières empêchant l’introduction de nouvelles semences importées (OGM en particulier), de subventionner les engrais chimiques, etc.
....à contre courant de la priorité à donner à l'agriculture familiale
Si l'intérêt des investisseurs privés est avéré, la défi identifié par le présent rapport de "mobiliser les intérêts privés de façon à créer des emplois, créer des opportunités pour les petits exploitants, respecter les droits des communautés locales et protéger l'environnement " est énorme et ne transparaît pas dans les recommandations. Si la " success story " des haricots verts kenyans est présentée, le rapport souligne que les petits producteurs ont été peu à peu évincés du secteur et ne présente pas de solutions pour des modèles d'investissements plus à même de profiter aux populations locales**.