Dessiner une démocratie alimentaire
Si l’alimentation est un bien public, elle doit être gérée par les citoyens. A partir d'initiatives locales existantes, Transrural Initiative imagine ce que pourrait être un système politique de gestion de l’alimentation.
En s’intéressant aux conditions sociales, économiques et environnementales de la production et de la distribution de leur nourriture, les populations pourraient décider des modèles agroalimentaires et agricoles qu’elles souhaitent défendre, allant au-delà du simple fait d’acheter ou de ne pas acheter tel ou tel produit. C’est à partir de cette idée que le concept de de démocratie alimentaire est développé depuis les années 90. Dans le monde de la recherche en sciences sociales appliquées à l’alimentation, cette approche prend progressivement de l’ampleur, consacrant la dimension transversale de la question alimentaire.
Ce constat s’appuie sur deux postulats : la qualité de bien public de l’alimentation (qui véhicule tant des notions de solidarité, de responsabilité que d’identité collective) et le principe politique et éthique selon lequel c’est aux populations elles-mêmes que doivent revenir les décisions fondamentales concernant la gestion des biens publics (matériels comme immatériels).
Dans une démocratie alimentaire, c’est donc aux individus, informés en matière d’alimentation et de ses implications sur la société, que reviendrait le droit et la responsabilité d’élaborer leur propre système alimentaire à travers des processus de décisions représentatifs. Ce principe laisserait la liberté à chaque communauté locale de définir ses besoins et de déterminer les meilleurs moyens de les satisfaire.
Un système politique complet
Dans une vision systémique, et plus utopique aussi, la démocratie alimentaire se conçoit comme un système politique complet, dans lequel la décentralisation est organisée et coordonnée. Aux différents échelons de la société, des structures décisionnelles, représentatives et incluant l'ensemble des citoyens, orienteraient les politques alimentaires selon les besoins et attentes des individus et des territoires. Ces espaces transparents de discussion et de décision, intégrant à leur réflexion une vision systémique de l'alimentation, auraient la responsabilité de mettre en œuvre des politiques justes et équitables, reflétant la diversité des opinions, des cultures et des goûts des citoyens.
C'est pas exemple ce qui s'est mis en place localement dans les villes de Toronto et Vancouver au Canada, où des Comités d'élaboration des politiques alimentaires représentent des citoyens volontaires de tous les horizons sociaux et professionnels. [...] Voir l'article complet
Article de Baptiste Douillet, paru dans le numéro 460 de Transrural Initiatives janvier-février 2017