Interview d’Andris Piebalgs : priorité aux petits exploitants agricoles

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français

Quand This Is Africa s’est rendu à Bruxelles pour rencontrer Andris Piebalgs et discuter de développement agricole, les rues étaient bloquées par des agriculteurs belges en colère. Mais les préoccupations du Commissaire européen au développement sont autres. L’homme politique letton a mis l’agriculture au cœur de la politique de développement de l’Union Européenne, et sa vision est claire : la dynamisation du secteur agricole des pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) doit être menée par les petits exploitants.

« Nous ne devrions pas être arrogants avec les petits exploitants – 80 % de la production agricole africaine est en réalité issue des petites exploitations qui créent des emplois et forment la structure sociale traditionnelle », affirme Andris Piebalgs depuis son bureau de la Commission européenne.

« Nous ne devrions pas penser que le modèle agricole européen se répliquera dans les pays ACP.  Très peu d’agriculteurs avec chacun des centaines d’hectares et une productivité très élevée. Ce schéma ne correspond pas forcément à leurs contextes, il faut partir de leurs besoins, et non pas chercher à reproduire notre modèle. »

C’est pour cette raison que la Commission donne la priorité aux petits exploitants et à la sécurité alimentaire. « L’agriculture représente environ 70 % des emplois et 30 % du PNB dans la plupart de ces pays », explique Monsieur Piebalgs, « En 2050, même avec l’exode rural, 40 % des africains vivront toujours en zone rurale. Cela correspond à 900 millions de personnes qui doivent avoir un emploi et des moyens de subsistance. Il y a un réel défi, une opportunité pour le secteur agricole à créer des emplois et de la richesse. »

L’UE et l’agriculture des pays ACP

L’Union européenne ne peut à elle seule soutenir les filières dans leur ensemble, il conviendra de cibler les points de blocages au cas par cas : « Nous allons examiner minutieusement les contraintes dans chaque pays. Est-ce que le problème majeur est l’accès aux financements ? L’accès à l’énergie ? Les routes ? Ce sera une approche sur-mesure. Elle ne couvrira pas tous les domaines, mais elle devra améliorer la capacité des pays à supporter la flambée des prix alimentaires et les changements climatiques. »

En dehors de l’accès à l’eau qui est une priorité pour l’ensemble du continent, le travail est différent selon les pays. Au Rwanda par exemple, l’UE investit dans un aménagement intensif en terrasses. Elle soutient également la production de café. En Ethiopie, ce sont les routes rurales, l’accès au marché et le soutien au la Bourse éthiopienne de matières premières créée en 2008 qui sont ciblés.

Les régions particulièrement vulnérables aux chocs climatiques seront tout en haut de la liste des priorités européennes. « Nous sommes très inquiets par la désertification, par exemple dans le Sahel où nous nous concentrons sur l’augmentation des investissements agricoles et de la productivité, » explique M. Piebalgs.

Dans les zones qui nécessitent de façon chronique une aide humanitaire d’urgence, avant tout le Sahel et la Corne de l’Afrique, la Commission associe les mesures d’urgence à une dynamisation à long terme des marchés en injectant de l’argent et en achetant la nourriture au plus près de la zone de crise, plutôt qu’en l’important de l’extérieur.

« Nous essayons de ne pas dissocier mesures d’urgences et politiques de développement à long terme, nous soutenons ainsi les producteurs tout en palliant à l’urgence » dit M. Piebalgs, « Je pense que cela nous rend unique dans le domaine de l’aide humanitaire ».

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Voir aussi :

- la brève : Rencontre avec le Commissaire européen au développement : propositions paysannes contre la crise alimentaire

- Sur le terrain : Visite du Commissaire au Développement Piebalgs en Afrique