L'Amap Bénin change d'échelle
L’Association pour le maintien de l’agriculture paysanne (Amap) Bénin, pionnière en Afrique de l’Ouest, a été créée par l’ONG Hortitechs en 2008. Hortitechs a également développé d’autres types de circuits courts de distribution ainsi que la certification bio via un système participatif de garantie (SPG). Bilan de l’essor de la vente de produits bio au Bénin avec Edgar Déguénon, coordonnateur d’Hortitechs.
Quelles évolutions pouvez-vous noter depuis la création de l’Amap-Bénin ?
En 10 ans, nous pouvons relever une augmentation remarquable de membres de l’Amap. Nous sommes passés d’une vingtaine de membres au départ à 296 membres à ce jour, producteurs et transformateurs.
Au niveau des chaines de valeurs, nous commercialisons désormais des jus de fruits, des concentrés et purées de tomate, de la purée de piment simple ou assaisonnée, de l’huile d’arachide pure, de l’huile rouge, des épices et également du gari (farine de manioc), en plus des légumes. Les fruits transformés à ce jour sont l’ananas, le baobab, le tamarin, le gingembre, la mangue, et la papaye. Le jus de corossol est encore en expérimentation. Ces jus sont conditionnés dans des bouteilles de 33 cl (pack de 6 à 24 bouteilles) et d’un litre.
Nous disposons d’une boutique pour la vente de nos produits afin de faciliter l’accès des consommateurs aux produits bio. Dans un souci de diversification de l’offre, nous avons mis en place des étagères à rayons multiples et nommés « autres produits de terroirs du Bénin », ceux réservés aux produits d’autres producteurs et transformateurs non membres de l’Amap.
Quel est le profil des consommateurs?
Compte tenu de la diversité des types de paniers offerts et des produits que nous proposons, nous avons divers profils de consommateurs intéressés par nos produits. La majorité est béninoise (65 à 70 %). Nous essayons d’adapter les types de produits selon les coûts de production et les habitudes alimentaires.
Par conséquent, nous attirons des consommateurs qui préfèrent acheter au détail par manque de moyens de conservation ou de savoir-faire culinaire. À cette catégorie, nous proposons d’acheter les légumes en commande, 48 heures avant le jour de distribution, ou d’acheter au quotidien chez nos revendeuses agréées. Cette stratégie a été mise en place grâce au travail d’enquêtes de stagiaires béninois et français sur les préférences alimentaires de la population béninoise.
Nous avons réalisé par ailleurs que nous ne pouvons pas vendre au détail certaines spéculations, telles que les courgettes, les concombres, les aubergines, sans enregistrer des pertes post-récolte. Cependant, les autres légumes fréquemment consommés par les béninois, comme les légumes-feuilles, la tomate, l’oignon, peuvent être vendus au détail si les consommateurs en commandent à l’avance. Il est important de préciser que nous garantissons en priorité les produits pour nos consommateurs qui ont souscrit un contrat de paniers.
Parmi nos clients, nous comptons les transformateurs. Ceux-ci achètent nos légumes à partir de 500 kilogrammes. Ils les précuisent, les conditionnent et les vendent aux consommateurs.
La dernière catégorie de clients est constituée d’entreprises qui commandent un nombre de panier de légumes pour les redistribuer dans leur réseau de consommateurs. Ces entreprises commandent en moyenne, entre dix à cent paniers qu’elles distribuent avec d’autres produits Amap ou venant d’autres producteurs ou transformateurs. Dans cette catégorie, nous avons la boutique « Label Bénin » et l’entreprise « Terre vivante ».
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Propos recueillis en janvier et juillet 2018 par Marie Cosquer et Murielle N’dah (CFSI), édités en janvier 2019 par Isabelle Duquesne (CFSI)
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Pour creuser le sujet :
- Page Facebook Hortitechs Developpement
- Reportage, L’Amap Bénin à la télévision béninoise, 2016
- Documentaire, Amap-Bénin : circuits courts, agriculture biologique et périurbaine, 2013
- Entretien, La labellisation, une étape importante pour le passage à l'échelle, 2019