La filière lait ouest-africaine : une affaire de femmes ?
L’élevage est un secteur clé de développement socio-économique en Afrique de l’Ouest. Toutefois, la filière connaît de nombreuses difficultés, dont celui de l'évolution de la place des femmes. Elles en ont été peu à peu exclues avec la valorisation du lait auprès des laiteries. Une approche genre revêt alors tout son intérêt pour comprendre et agir sur les mécanismes d’éviction des femmes et leur perte d’autonomie.
Où sont les femmes dans la filière lait ouest-africaine ?
« Le lait, c’est le pouvoir des femmes ». Elles sont par tradition chargée de la gestion du lait,
dans une filière où, encore aujourd’hui, existe une véritable séparation genrée des tâches.
Les femmes ont été exclues au moment où des investissements ont été lancés en faveur d’un
développement de la filière lait. Aujourd’hui, les femmes continuent à travailler mais elles sont devenues invisibles. Elles sont absentes des instances de décision et surtout, elles ont perdu leurs revenus.
Répondre aux inégalités de genre dans la filière
- Les responsables "genre" : une action clé quoiqu’encore peu répandue est de créer un poste de responsable du genre au sein de organisations d'éleveurs (Apess, Table filière lait) ou des ONG (Karkara, AVSF).
- L'accès aux formations : les formations sont un véritable levier pour l’autonomie financière et économique des femmes. Les femmes gagnent alors en assurance pour s’exprimer dans les instances de décision, en légitimité dans la gestion des exploitations.
- L'accès aux revenus : il s'agit de donner accès aux femmes à des facteurs de production essentiels (crédit, terre, équipement, etc.) et de les accompagner à développer des activités leur procurant des revenus en propre.
- L'accès aux instances de décision : la mise en place de quotas est un moyen de faire une place aux femmes dans les instances de décision des organisations professionnelles majoritairement masculines
- Un espace dédié pour le plaidoyer : les organisations paysannes régionales (Apess, Roppa) ont créé des espaces réservés aux femmes pour qu'elles soient en mesure de construire leur propre plaidoyer et de porter elles-mêmes des revendications.
Les risques à garder en tête
Adopter une approche genre ne dispense toutefois pas de rester vigilant quant aux risques encourus (surcharge de travail, mauvaise prise en compte du contexte, "retour de bâton" si les hommes n'en sont pas partie prenantes).
Cette synthèse se fonde sur l'expérience des organisations soutenues dans le cadre du programme CFSI-Fondation de France « Promotion de l’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest » (Pafao), ainsi que sur des recherches bibliographiques.