Labelliser pour convaincre les consommateurs
En adoptant des démarches de qualité et en recourant à la labellisation, les producteurs ouest-africains peuvent rassurer les consommateurs. Les contraintes sont cependant fortes et, pour partir à la conquête du marché de masse, le soutien des pouvoirs publics est indispensable.
« J’ai rencontré une femme transformatrice au Mali. Elle était très heureuse de me montrer le sachet produit au Ghana qui devait remplacer les vieux sachets bicolores thermosoudés à la main qu’elle utilisait pour son lait caillé. Le sachet était en effet de très belle qualité, mais il mettait en avant une vache suisse avec une très belle cloche autour du cou, alors que la femme s’approvisionnait chez des éleveurs de Sikasso… Personnellement, je n’ai jamais vu de vache avec une telle cloche suisse au Sahel… » L’anecdote que relate Christophe Rigourd, de l’Iram , peut faire sourire, elle illustre pourtant la difficulté persistante à mettre en avant l’origine locale des produits en Afrique de l’Ouest.
Problème d'image, question de confiance
Les produits locaux ont souvent une mauvaise image auprès des consommateurs ouest-africains, qui les jugent de piètre qualité par rapport aux produits d’importation qui sont, eux, mieux emballés et mieux étiquetés. Dans l’enquête qu’ils ont menée auprès de ménages togolais, Élisa Lomet et Nicolas Bricas montrent que ce « manque de confiance » dans les produits locaux trouve son origine dans une méconnaissance non seulement des produits, mais aussi de celles et ceux qui les produisent ou les transforment. La suspicion est d’ailleurs encore plus forte à l’encontre des produits transformés, nourrie par le « mystère » qui entoure leur fabrication. La promotion de la consommation de produits locaux commence donc par la construction de la confiance. Un processus souvent lent et difficile qui passe par l’information, la transparence et la réglementation. Une prise de conscience émerge cependant chez certains consommateurs, notamment urbains. « Une partie de la population des villes comprend l’intérêt de consommer des produits locaux de meilleure qualité et contenant moins de pesticides, explique Casimir Chokki, de la Fédération des unions de producteurs du Bénin (Fupro). La volonté de consommer local est davantage liée à des questions de santé qu’à une volonté de soutenir les producteurs locaux. » [...] Voir l'article complet
Cet article est extrait de la publication Les batailles du consommer local en Afrique de l'Ouest