Le rôle des organisations paysannes dans la stratégie Fome Zero au Brésil
Dans le cadre d'une étude sur la stratégie "Fome Zero" (voir le bulletin de veille spécial Fome Zero) initiée en 2003 par le gouvernement de Lula, Inter-Réseaux a interviewé Raul Krauser, membre de la coordination nationale du MPA (Mouvement des petits agriculteurs), afin de savoir comment les organisations paysannes ont été intégrées à cette stratégie. Ont-elles pu participer à la définition de cette politique? Ont-elles un grand rôle à jouer dans sa mise en œuvre? Eléments de réponses avec Raul Krauser...
Inter-réseaux : Pouvez-vous nous présenter le MPA ?
Raul Krauser : En 1996, année de sécheresse dans l’Etat du Rio Grande do Sur, 30 000 familles paysannes se sont retrouvées déplacées dans des campements. Certaines d’entre elles se sont mobilisées et ont créé le MPA. On était alors en pleine mise en place du néo-libéralisme au Brésil, et une situation de crise économique pour les agriculteurs, qui ne parvenaient pas à avoir accès au crédit. A cette époque, le syndicalisme était très (trop ?) lié à l’Etat, et pas assez fort pour offrir des solutions face à la crise. L’objectif du MPA était alors de construire une autre forme de syndicalisme, plus indépendant, en prenant l’exemple du MST (Mouvement des sans-terres). La volonté du MPA est de valoriser l’agriculture familiale, qui a toujours été marginalisée, dépréciée et considérée comme appartenant à une autre époque.
Une des principales réalisations du MPA est l’élaboration du Plano Camponês (Plan Paysan), qui vise à améliorer les conditions de production et les conditions de vie en milieu rural, et à mieux intégrer l’agriculture familiale dans la société brésilienne. [...]