Les systèmes participatifs de garantie en Afrique de l'Ouest
Face à l’inadéquation des certifications internationales pour les filières ouest-africaines locales, les systèmes de garantie participatifs (SPG) et leurs structurations nationales sont-ils une solution pour répondre à la demande croissante en produits sans résidus de pesticides sur les marchés locaux ? Voici les éléments de réponses du réseau Roppa-Pafao-Jafowa.
La mise en place d’un SPG territorial apparaît comme efficace et peu coûteuse. Les expériences
menées concernent majoritairement les fruits et légumes, mais elles ont été élargies à d’autres
denrées : riz, jus de fruits ou purée de tomate.
Cependant, même si la plupart des producteurs et des productrices sont satisfaits de leurs certifications, des difficultés existent : un accès compliqué au foncier, la méconnaissance ou la non-reconnaissance des produits et du label SPG par les consommateurs, la nécessité de renforcer les connaissances sur les bonnes pratiques agricoles innovantes, la gestion et l’organisation des exploitations et le coût pour les producteurs, sans soutien des autorités publiques.
Les enjeux sont donc de taille, surtout que dans certains pays comme le Burkina Faso la demande de certification est supérieure à ce que les organismes certificateurs peuvent gérer.
Il revient aux ministères en charge de l’Agriculture et de l’Alimentation, de la Santé, du Commerce, etc. d’inscrire les SPG dans leurs stratégies politiques, pour que des solutions innovantes émergent (au Burkina Faso, une stratégie de promotion de l'agroécologie validé en 2022 pourrit ouvrir la voie à une soutien).
Les produits Bio SPG se retrouvent aujourd’hui en boutiques spécialisées ou sur des marchés hebdomadaires dédiés.
Ces enseignes deviennent des vitrines du « consommer local » et vont faciliter l’émergence de dynamiques locales, liées à la commercialisation groupée des produits certifiés SPG.
L’Apad Sanguié expérimente un autre système de commercialisation pour démocratiser la consommation de produits certifiés Bio SPG : des femmes promotrices négocient auprès de l’Union des Coopératives agroécologiques du Sanguié les quantités de produits nécessaires pour satisfaire la demande, idéalement livrées dans un point unique.
Vers une structuration nationale / sous-régionale des SPG ?
Une entité nationale de gestion des SPG permettrait de mieux cadrer et suivre la démarche de certification, d’accompagner les opérateurs et de faire connaître le label aux populations.
Les coûts de structuration et de contrôle pourraient augmenter. Des particularités régionales peuvent compliquer le choix de critères nationaux. Il convient aussi de travailler sur une potentielle différenciation entre la certification Bio SPG et un label destiné à la valorisation de l’agroécologie.
A l’échelle de la sous-région, l’harmonisation des SPG serait vectrice de nouvelles opportunités de commercialisation, si la confiance qui en est le socle se maintenait effectivement d’un pays à l’autre. C’est aussi l’occasion de construire une culture commune de promotion d’une agriculture saine. Pour cela, les pays ouest-africains doivent œuvrer à l’harmonisation d’un cahier des charges commun, avec « une plus forte implication des cadres de concertation régionaux pour faire ce travail »(CNABio) tout en prenant en compte les spécificités propres à chaque pays.
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Références utiles :
- Recueil des contributions à la discussion#11, 2022
- Le système participatif de garantie, une solution pertinente au Burkina Faso ?, Idrissa Nacambo, 2020
- La labellisation des produits locaux et de terroir, CFSI, 2018
- Entretien : La labellisation, une étape importante pour le passage à l'échelle, Hortitechs, 2019