Mini-laiteries et marque collective Danaya nono
Dans le cadre d'un projet porté par Initiatives Conseils Développement (ICD Mali) et le Centre international de développement et de recherche (CIDR) au Mali
Pour inciter les éleveurs à produire davantage de lait, les mini laiteries rurales ont été créées sous une forme juridique et organisationnelle innovante appelée ESOP (Entreprises de Services et Organisations de Producteurs). Les mini laiteries jouent le rôle d’interface entre les producteurs organisés (auxquels elles apportent des services techniques) et les marchés (auxquels elles proposent des produits de qualité). La prise de part au capital des ESOP des producteurs laitiers assure leurs revenus, garantit la relation commerciale et sécurise l’approvisionnement des laiteries.
Concrètement, la collecte du lait est organisée au niveau du village, selon le principe de la commercialisation groupée, puis le lait est acheminé quotidiennement par un cycliste rémunéré par la laiterie. Les producteurs intéressés s’engagent à livrer chaque jour leur surplus commercialisable. L’entreprise s’engage en contrepartie à récupérer tout le surplus de lait, surtout en période de forte production. Les prix d’achat du lait sont négociés deux à trois fois par an en fonction des saisons (entre 180 FCFA/litre en hivernage et 210 FCFA en saison sèche).
La stérilisation du lait permet de le stocker. Il est transformé progressivement en fonction des besoins des points de ventes à Bamako. L’amélioration de la transformation (pasteurisation, fermentation,…) garantit un temps d’acheminement confortable vers les villes. Les principaux produits sont le lait pasteurisé, le lait caillé, ainsi que la crème maturée ou « fénè ». Le réseau de laiteries a initié la fabrication de fromage et de « ghee », un beurre liquide qui peut se conserver sans réfrigération.
Une démarche de qualité a permis de créer la marque Danaya Nono (« Lait confiance ») avec le respect d’une charte qui doit aboutir au dépôt d’un label. Les produits sont emballés sous plusieurs formats et étiquetés avec le logo Danaya Nono.
Des produits locaux très prisés à Bamako
Les ventes sur Bamako permettent non seulement d’obtenir un prix rémunérateur pour la laiterie, mais aussi de collecter l’intégralité du lait des éleveurs durant l’hivernage car les consommateurs y ont un pouvoir d’achat beaucoup plus élevé. Entre 2010 et 2012, le chiffre d’affaires de la laiterie de Fana (située à 120 kilomètres de Bamako) est passé de 14,6 à 20,4 millions francs CFA (de 22 000 à 31 00 euros), soit une augmentation de près de 40 %.
Le lait pasteurisé Danaya nono est vendu 100 FCFA en sachet de 200 ml (soit 500 FCFA le litre). Comparativement, le lait UHT importé en conditionnement est vendu entre 1 000 et 1 500 FCFA le litre. Le lait importé est donc plus cher mais a l’avantage de pouvoir être conservé plus longtemps par les distributeurs et les consommateurs. L’autre produit concurrent est la poudre de lait puisqu’un litre reconstitué par le consommateur lui coûte seulement 300 FCFA.
Sur cette expérience, retrouvez le témoignage de Malick Diallo, chef de projet pour l'ICD Mali