Bilan synthétique d’une contractualisation entre Pam et OP
Le cas de la Capad au Burundi
La contractualisation avec producteurs locaux sur les achats pour l’approvisionnement du programme « cantines scolaires » au Burundi est issue d’une approche volontariste de la part du Pam. Ce dernier n’étant pas contraint par une approche « Purchase for Progress » (P4P), la démarche n’en comprend pas tous les aspects, mais intègre toutefois une réflexion sur le développement des capacités locales des agriculteurs familiaux. La contractualisation P4P est gagnante-gagnante :
- Pour le Pam, dont la qualité des approvisionnements est garantie, ce qui améliore à terme la qualité nutritionnelle, donc la santé, des enfants bénéficiaires du programme.
- Pour les OP, à qui sont garantis des prix fixes, une qualité de production renforcée, que qui à moyen terme peut ouvrir de nouveaux débouchés aux agriculteurs, une certaine reconnaissance institutionnelle et sociale.
La collaboration pour la contractualisation s’est faite avec une OP (la Capad) plutôt qu’une ONG ou un prestataire de service, ce qui a permis une identification plus efficace des coopératives à même de fournir le Pam. La collaboration avec la Capad a également été cruciale dans la mobilisation de financements complémentaires de la part d’autres organisations d’appui (IFDC, Oxfam Novib, CSA). Cet appui supplémentaire s’est concentré sur l’amélioration technique de la production, indispensable pour satisfaire les exigences qualité du Pam et renforcer à plus long terme les capacités des agriculteurs familiaux. La Capad a donc, mieux que toute autre organisation, coordonné les différents acteurs du P4P et crée une synergie pour la réalisation du programme.
Cependant, quand à la protection des membres des coopératives impliquées dans le P4P, le Pam a fait défaut sur différents aspects :
- la qualité et le prix défini (15 % supérieur au prix de marché) lors des négociations entre la Capad et le Pam n’ont pas été respectés par le Pam. Or ce prix rémunérateur est très important car il constitue un facteur d’incitation à l’augmentation et à l’amélioration de la production.
- les modalités de livraisons, et les délais n’ont pas été respectées par le Pam ce qui a entrainé un coût supplémentaire et des difficultés d’organisation pour les producteurs, notamment sur la mise en sac.
- Le préfinancement, condition sine qua non de l’intégration des petits agriculteurs, n’a pas été accordé.
- On peut déplorer une absence de garantie d’achat par le PAM d’une année sur l’autre, qui aurait l’avantage d’inciter les agriculteurs familiaux à investir sur le plus long terme.
Globalement ces difficultés et nuances sont imputables à un décalage au sein du Pam entre les équipes terrain du Burundi et le service achats/ procurement. Des innovations restent possibles et souhaitables pour une meilleure intégration des petits producteurs via les programmes P4P ou s’y apparentant.
Creuser le sujet :
- Synthèse, Les achats institutionnels au service de l'agriculture familiale, 2016
- site du Collectif stratégies alimentaires (CSA)