Faudra-t-il tous devenir végétariens ?

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Elevage, Impact des choix de consommation

L'explosion de la demande de viande contribue fortement aux émission de gaz à effet de serre. Mais abandonner l'élevage ne serait pas une solution. 

En un demi-siècle, la consommation de viande a explosé. Elle est passée de 23,7 kg à 42,3 kg par an et par habitant en moyenne. Malgré la légère baisse enregistrée dans les pays industrialisés depuis 2008, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’OCDE anticipent, dans leurs dernières projections, une augmentation de la demande mondiale de 16 % sur les dix prochaines années. Or, l’élevage est déjà responsable de 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, rappelle la FAO. Et mobilise une grosse partie de la production agricole. Faut-il donc cesser de consommer de la viande pour lutter contre le réchauffement et limiter la pression sur les ressources ? Pas si simple…

Gare au méthane

Les rejets dans l’atmosphère de méthane, dus essentiellement aux rots des ruminants, comptent pour 6,4 % des émissions. Vient ensuite le protoxyde d’azote (4,2 %) lié aux déjections animales et à l’utilisation d’engrais pour les cultures dédiées à l’alimentation du bétail. S’ajoute enfin le dioxyde de carbone (3,9 %) provenant de l’énergie utilisée tout au long de la chaîne alimentaire et de la déforestation, du fait de la conversion des forêts en pâturages et cultures. Cet impact varie cependant selon les productions : la viande bovine représente 41 % des émissions de l’élevage, contre 20 % pour la production laitière, 9 % pour la viande de porc et 8 % pour celle des volailles et les œufs.

L’élevage est en outre gourmand en ressources naturelles. L’alimentation animale mobilise en effet un tiers des terres arables. Dans dix ans, anticipent la FAO et l’OCDE, 1 022 millions de tonnes de céréales et 450,6 millions de tonnes d’oléagineux, représentant respectivement 36,5 % et 87,2 % de la récolte, seront détournées de l’alimentation humaine pour nourrir les animaux. Dans un monde aux ressources limitées, il faudra produire en 2050 de quoi satisfaire les besoins alimentaires de près de 10 milliards d’humains. L’augmentation de la consommation de viande accentue par ailleurs la pression sur l’eau : produire une calorie sous forme de viande de bœuf nécessite huit fois plus d’eau que produire une calorie d’origine végétale.

La dépendance au soja

« Les problèmes s’expliquent principalement par le niveau atteint par la consommation de viande dans les pays riches et, désormais, parmi les classes aisées des pays du Sud. Et donc par l’élevage industriel, conséquence de cette demande », pointe du doigt Léopoldine Charbonneaux, directrice de l’organisation non gouvernementale (ONG) Compassion in World Farming (CIWF) France, qui encourage les pratiques d’élevage respectueuses du bien-être des animaux.

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Article issu du numéro spécial d'Alternatives Economiques "Risque climatique, défi alimentaire", réalisé en partenariat avec le CFSI, dans le cadre de la campagne ALIMENTERRE et de la mobilisation autour de la COP21.