Système alimentaire de la région de Dakar
Cette étude du Grdr établit un état des lieux du système alimentaire de la région de Dakar et souligne ses vulnérabilités, notamment du fait des changements climatiques. L'enjeu est de taille car la population a crû de 30 % sur la période 2002-2013 pour atteindre aujourd'hui 3 millions d'habitants.
Les dynamiques territoriales et de fonctionnement du système alimentaire dakarois font apparaître deux tendances opposées :
- d'un côté, une dynamique de progression du bâti et de régression des espaces agricoles ;
- de l'autre, le développement d'une agriculture urbaine et périurbaine et d'un tissu relativement dense de transformateurs et distributeurs de produits alimentaires.
Les habitudes alimentaires des Dakarois illustrent ces deux tendances opposées : si elles font la part belle aux produits importés hors du continent africain, elles témoignent aussi du goût des consommateurs pour certaines productions locales.
Les politiques publiques sont déterminantes pour expliquer cette dualité. Le choix de développer la production d'arachide au Sénégal, jamais remis en cause depuis la seconde moitié du 19ème siècle, a créé une dépendance aux importations de brisure de riz. En revanche, les mesures de protection du marché avicole ont généré un fort développement du secteur depuis 2005, particulièrement visible dans la région de Dakar. De la même façon, la production d'oignons a pu se développer à la faveur de mesures protectionnistes.
Les points de vulnérabilités
- le pouvoir d'achat limité d'une majorité de Dakarois (70 % d'entre eux vivent avec moins d'1,5 € par jour) génère de l'insécurité alimentaire dès que les prix des denrées de base augmentent ;
- la concurrence entre usagers du foncier de fait au détriment des producteurs. Pourtant, la plupart considèrent que leur exploitation est viable et transmissible ;
- les pratiques de production sont peu durables : utilisation non contrôlée de pesticides et d'eaux usées dans la production maraîchère, contrôles limités sur les élevages avicoles. Les risques sanitaires sont donc élevés pour les producteurs et les consommateurs ;
- la part des produits alimentaires importés est conséquente notamment avec le riz qui représente 70 % de l'alimentation des dakarois. Les systèmes de production des principaux produits importés et les modalités d'approvisionnement sont sources d'externalités négatives.
Deux scénarios envisagés
- Scénario tendanciel : vers un abandon des activités horticoles et de la pêche artisanale avec davantage de produits importés. Les conséquences sont l'accentuation des inégalités sociales et de la vulnérabilité alimentaire dans la région.
- Scénario de rupture : système alimentaire recentré sur des ressources locales et des modes de production plus durables. Ce scénario suppose la mise en œuvre de politiques agricoles, foncières et d'aménagement du territoire favorable à la production locale et familiale.
Creuser le sujet :
Etude, Vulnérabilité de la région de Dakar face au changement climatique, 2013
Etude, Dynamiques agricoles en Afrique subsaharienne, une perspective à 2050, 2015