Approvisionner les villes en légumes locaux

Expertise de terrain
Langue(s) : Français
Filières : Légumes
Pays : Sénégal

Bougoupé Coulibaly est le coordinateur d’AVSF à Kolda, ville de plus de 70 000 habitants située en Casamance. Dans la région, la stagnation de l’emploi urbain limite les possibilités de diversifications de revenus. AVSF et l’Association de développement communautaire Ninnaba ont misé sur le maraîchage, un secteur au fort potentiel.

Photo : Bougoupé Coulibaly

Pourquoi avoir choisi d’appuyer le maraîchage ?

De nombreux producteurs rencontrent des difficultés, notamment dans les filières de rentes traditionnelles comme l’arachide et le coton. Le maraîchage diversifie les sources de revenus agricoles, au même titre que l’élevage ou la transformation de produits agricoles. Il présente aussi l’avantage de procurer des revenus réguliers sur l’année, et la demande est en pleine expansion. La population urbaine augmente vite et les habitudes alimentaires changent : le rôle nutritif des légumes est de plus en plus reconnu. 

Comment se passe la mise en place des pratiques agroécologiques ?

Dans la région, la monoculture a fait de sérieux dégâts sur le plan de la fertilité des sols. Actuellement, nous expérimentons diverses pratiques. C’est tout un système que nous intégrons au fur et à mesure. Nous utilisons principalement de la matière organique complété par une faible dose d’engrais chimiques. De plus en plus, les techniques de paillages se diffusent et la pratique du brûlis se réduit. A travers des ateliers d’échanges qui permettent aux producteurs de visualiser les expériences, de faire parler des producteurs pilotes de leurs expérimentations, les stratégies s’adaptent et gagnent en efficacité.

 

Visite des parcelles pilotes à Saré Bilaly © AVSF Sénégal

Comment améliorer la mise en marché des légumes ?

Nous sommes partis d’une étude menée au sein de la filière locale qui a révélé la nécessité d’organiser stratégiquement la concertation et les échanges. Les changements préconisés portaient également sur le besoin de restructuration des organisations de maraîchers.

Le second levier porte sur la prise en compte des exigences des consommateurs sur le plan de la qualité. Nous avons défini des tableaux de spécification par produit et les consommateurs ont précisé leurs critères de qualité. Le but est de créer une dynamique de performance chez les producteurs par rapport à la réponse à la demande.

Est-il facile d’organiser des ventes groupées de produits maraîchers ?

Les producteurs voient leurs marges réduites s’ils négocient seuls, les commerçants étant face à une multitude de vendeurs. Ils comprennent qu’avec une organisation collective, ils peuvent augmenter leurs revenus. AVSF appuie cette dynamique par la création d’infrastructures comme les kiosques de ventes. Nous avons déjà un kiosque de vente directe à Kolda. Les maraîchers eux-mêmes, via leur organisation, assurent la collecte et la vente. Le dispositif sera bientôt renforcé par un second kiosque. Le rôle des kiosques est de collecter les informations sur la demande et d’organiser les livraisons. Des ventes directes sont aussi négociées avec les casernes militaires et les hôtels. [...]

Propos recueillis le 9 mai 2014 par Bastien Breuil.

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Creuser le sujet :

- Fiche innovation, Concertation et vente directe de produits maraîchers, 2014

- Témoignage, Omar Mané, secrétaire executif d'ADC Ninnaba, 2013

- Témoignage, Quel accès aux marchés pour les maraîchers ? Pierre Cuche nous parle d'un projet dans le nord du Burkina Faso, 2013