Pesticides, santé publique en jeu
Malgré l'accumulation de preuves de l'impact nocif des pesticides sur la santé, les mesures prises par le gouvernement peinent à être à la hauteur, rappelle le magazine Transrural Initiatives.
Alors que la question d'être obligé ou non de traiter ses vignes avec un insecticide s'invitait au tribunal correctionnel de Dijon il y a peu, la France est toujours le premier utilisateur européen de pesticides.
Le plan Ecophyto 2018, qui vise à réduire de 50 % l'usage des pesticides à l'horizon 2018 est bien loin de tenir ses promesses. L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) publiait en juin dernier une expertise collective concernant les effets des pesticides sur la santé. Les auteurs avancent une "présomption forte" de liens entre certains cancers ainsi que la maladie de Parkinson et l'usage de pesticides chez les professionnels agricoles. Deux grandes recommandations sont proposées : améliorer les connaissances sur l'exposition des populations (agricole et générale) et rechercher le lien entre exposition et pathologies. Mais des associations comme Génération future demandent une "action publique forte et rapide en matière de réduction de l'usage de pesticides".
Cette demande a été partiellement entendue car le Parlement adoptait définitivement, fin janvier 2014, une proposition de loi interdisant les produits phytosanitaires (insecticides, herbicides, fongicides) dans les espaces verts publics à partir de 2020 et dans les jardins particuliers à compter de 2022.
Une timide avancée
Joël Labbé, sénateur Europe Ecologie-Les Verts, à l'origine de cette proposition de loi, se félicite de cette "avancée dans le domaine sanitaire et environnemental". Cela va dans le sens de la sensibilisation faite à l'échelle individuelle par des associations comme WECF et son projet Nesting qui donne des conseils pour vivre dans des intérieurs sains.
Cependant, en milieu rural, même si les habitants jardineront bientôt sans pesticides, leur santé ne vas pas forcément s'améliorer ; en France, 90 % des pesticides utilisés le sont dans le secteur agricole. Et pour l'instant, les résultats de l'expertise de l'Inserm semblent peu pris en compte, notamment pour les autorisations nationales des substances actives. Actuellement, le Ministère de l'Agriculture signe les autorisations de mise en marché (AMM), après avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Le projet de Loi d'avenir agricole, qui prévoit par ailleurs un suivi permanent de l'impact des pesticides sur l'environnement et la santé, propose que les AMM soient désormais délivrées par l'Anses. D'autres acteurs, comme les médecins, demandent que l'évaluation des produits soit confiée à des laboratoires indépendants désignés par l'Anses et que la décision soit prise par trois ministères : Santé, Environnement et Agriculture. Certains médecins se sont engagés sur le dossier des pesticides en 2012, notamment dans le Limousin, pour alerter les pouvoirs publics et les populations. Dans certaines zones de la région, ils ont observé "plus de cinquante traitements" sur les arbres fruitiers.
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Article de Gabrielle Sicard (INTERAFOCG) paru dans le numéro 433 deTransrural Initiatives décembre - février 2014