Payer pour l'environnement ?
Le mécanisme REDD+ et les paiements pour service environnementaux permettront-ils de s'attaquer aux causes sous-jacentes de la déforestation ? Cette note du Gret rédigée avec le Cirad et les Amis de la terre permet de faire le point.
On estime que 10 à 12 % des émissions de gaz à effet de serre sont aujourd’hui dus à la déforestation dans le monde, principalement dans les zones tropicales. Les négociations internationales sur le changement climatique ont donc très tôt porté sur des mécanismes permettant de réduire la déforestation au niveau mondial.
Le mécanisme REDD+ au secours des forêts tropicales ?
Le mécanisme REDD+ (Réduction des Emissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts) trouve son origine dans les débats du débat des années 2000 autour de l’inclusion ou non des projets forestiers dans les « mécanismes de développement propre » (MDP) créé dans le cadre du protocole de Kyoto. L’idée des MDP était de permettre aux entreprises des pays industrialisés de dépasser leurs quotas d’émission de CO2 en finançant des projets de réduction des émissions au Sud.
Les risques de simple déplacement des pressions de la déforestation (« fuite ») dans le cadre d’une approche par projet a conduit à l’élaboration d’un mécanisme alternatif qui allait devenir RED puis REDD, et enfin REDD+. Le point essentiel de cette proposition était la rémunération des gouvernements pour les résultats mesurés au niveau national afin d’éviter les « fuites ».
La négociation autour de ce mécanisme n’a pas encore permis de dégager un accord sur le mode de financement. Si de nombreux pays industrialisés appuient la solution du marché, certains, comme la Bolivie, s’oppose à l’idée de « marchandisation » de la nature. Le Brésil soutient de son côté qu’il faut d’abord que les vieux pays industriels remplissent leurs obligations en termes de réduction des émissions.
Pas d'issue sans transition écologique
Il est vrai que l’absence de cohérence des gouvernements des pays industriels (promotion des agrocarburants, modèles industriels d’élevage fondés sur l’importation de tourteaux de soja, etc) comme des pays forestiers (promotion de l’agrobusiness sur fond de discours REDD) constitue une des faiblesses évidente du processus. Selon une étude récente de la Commission Européenne, l’UE est responsable de plus du tiers – 36 % exactement – de la déforestation de par son commerce international.
Les hauts niveaux de consommation européens de ressources naturelles et d’énergie ne sont pas généralisables : le financement du REDD+ ne doit pas être un alibi pour maintenir des inégalités structurelles de consommation. L’Europe doit montrer l’exemple en engageant une transition écologique qui permette de réduire sa pression sur les ressources des pays du Sud.
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- Etude de la Commission Européenne The impact of EU consumption on deforestation, 2013
- Bulletin Nyeleni L'économie verte : un outil au service de l'accumulation des capitaux, 2012
- Etude des Amis de la terre, Terres volées : comment la surconsommation en Europe alimente les conflits fonciers dans le monde, 2013