Burkina Faso : un fonio équitable et local
Le magazine Altermondes consacre un hors-série spécial au commerce équitable. Le CFSI a collaboré à ce numéro en relatant une expérience soutenue dans le cadre du programme « Promotion de l’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest » (Fondation de France / CFSI) au Burkina Faso : le commerce équitable de fonio comme levier de reconquête des marchés urbains locaux.
Le fonio, une céréale locale adaptée aux conditions agricoles de la région, est de moins en moins cultivé par les paysans burkinabés à cause de la pénibilité des travaux après la récolte. Il souffre également d’une désaffection de la part des consommateurs urbains qui ne trouvent pas sur le marché un fonio de qualité, prêt à l’emploi.
Depuis 2008, l’organisation burkinabé APROSSA accompagne les producteurs et les transformatrices dans la construction d’une filière qui garantisse la qualité du fonio produit et transformé ainsi qu’une meilleure répartition des marges entre les différents maillons économiques. Ce deuxième volet suppose une approche spécifique. Le partenariat entre l’ONG burkinabé et Artisans du Monde (membre du CFSI) y prend tout son sens. Ensemble, ils ont défini une méthode, des outils et une pédagogie, à même d’organiser le dialogue et la concertation entre les acteurs de la filière (semenciers, producteurs, transformatrices et distributeurs), qui ne partagent pas toujours les mêmes intérêts.
L’intérêt de l’expérience tient également à la conception de ce qu’est un « commerce équitable ». L’exportation du Sud vers le Nord y reste marginale. C’est aussi au niveau local que le commerce doit être équitable. Les exigences appliquées à la part exportée ont alors un effet d’entraînement sur la qualité et donc la quantité de la production consommée dans la région.
Les résultats sont encourageants : les 250 agriculteurs familiaux qui ont utilisé les semences certifiées, produites localement, ont doublé leur rendement par hectare et vendu à un prix rémunérateur 31 tonnes d’un fonio de meilleure qualité ; les transformatrices ont vu leur revenu augmenter de 25 % ; les clients en ville sont fidélisés. Et la réflexion menée dans les villages, pour calculer le temps de travail et sa répartition tout au long de la filière, amis en lumière un maillon jusque là « invisible » : l’épouse du paysan chargée du pilage du fonio, qui était jusqu’alors considéré comme une tâche domestique. Désormais reconnue comme acteur à part entière, elle perçoit une part des gains. Dans le respect des principes de l’équité.
Article Altermondes – Hors série numéro 15 – avril 2013 – En savoir plus sur ce numéro spécial sur le commerce équitable