Tiken Jah Fakoly : « Mon prochain projet c’est l’agriculture » !

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français

A l'occasion de la sortie en salles du film documentaire Sababou, Starting-Block a rencontré le chanteur Tiken Jah Fakoly qui est un des quatre personnages dont le film suit au jour le jour les efforts pour faire bouger les lignes, là où tout semblait perdu mais où tout est encore possible à force de conviction et d’engagement…

Starting-Block : Quel message souhaitez-vous passer à tous les jeunes européens qui s’intéressent à l’Afrique ?

Tiken Jah Fakoly : Je voudrais leur dire que l’Afrique est un continent qui n’est pas bien connu, il y a des clichés. Si un jour ils ont les moyens de venir sur le continent africain, ils verront que c’est différent de ce qu’on leur dit à la radio, ou à la télé. [...]

S.-B. : Vous êtes donc confiant pour l’avenir de l’Afrique ?

Tiken Jah Fakoly : Je suis complétement optimiste. Je pense que l’Afrique est dans un processus normal. Il y a un truc important pour que cela se concrétise, c’est l’éducation. C’est pourquoi, j’ai créé une association « Un concert, une école » : l’objectif est de montrer le chemin de l’école aux enfants, de montrer l’importance de l’éducation dans nos pays en voie de développement.

Oui, je suis optimiste ! Vous savez qu’en 1235, l’Empire mandingue, dont je suis le descendant, a écrit sa constitution. Et en 1235, ici, c’était encore le Moyen-âge ! Quand l’esclavage est arrivé, ça a stoppé tout une culture et tout un développement. […]

S.-B. : C’était naturel pour vous d’être un chanteur militant ?

Tiken Jah Fakoly : Quand on m’a expliqué les textes de Bob Marley, j’ai compris le combat mené par le reggae, et  j’ai choisi cette musique. Je fais des albums, mais quand je ne chante pas, j’ai envie de me mettre au service de ce continent auquel je crois. Je me dis qu’il faut continuer à faire des choses pour que ça change. Si mes ancêtres avaient croisé les bras, l’esclavage n’aurait jamais été aboli. Si mes parents avaient croisé les bras, la colonisation aurait continué jusqu’à aujourd’hui. Donc il faut continuer à éveiller les consciences des africains, car ce qui est sûr et certain, c’est que personne ne viendra changer l’Afrique à notre place.

S.-B. : Pourquoi est-ce que vous avez accepté de participer à ce film ?

Tiken Jah Fakoly : Ce film est en droite ligne du combat que je suis train de mener, c’est-à-dire montrer au reste du monde que l’Afrique est en mouvement, qu’en Afrique, il y a des gens qui agissent chacun à leur niveau pour faire avancer le continent. Quand le réalisateur est venu m’expliquer le projet, j’ai tout de suite dit oui !

S.-B. : Après ce film, quels sont vos prochains projets ?

Tiken Jah Fakoly : Mon prochain projet, c’est l’agriculture. J’ai envie de faire un peu d’agriculture. L’Afrique a besoin d’éducation et de nourriture, le reste on peut « courir et attraper », c’est secondaire. Si on arrive à bien manger, à être autosuffisant sur le plan alimentaire, et  à être éveillé par l’éducation, on peut rattraper le reste ! Donc cette année 2013, je vais travailler sur ce sujet.

S.-B. : Vous allez cultiver vous-même ou faire passer le message ?

Tiken Jah Fakoly : J’ai la chance d’avoir des tracteurs. On me verra sur mon tracteur car, pour faire passer le message, on aura besoin des medias.

S.-B. : Vous savez qu’en France il y a la campagne ALIMENTERRE que nous relayons qui porte justement sur la souveraineté alimentaire, sur l’importance que chaque peuple puisse produire ce qu’il va manger et en tire des revenus pour vivre correctement ?

Tiken Jah Fakoly : Ça c’est bien ! Vous savez, les pays africains importent 60% de leur nourriture, alors que l’on a la terre, le soleil, la pluie, toutes les conditions sont réunies pour produire. Je pense que si les leaders d’opinions, les personnes citées en modèle par les jeunes, s’intéressent à l’agriculture, les jeunes vont se dire que c’est peut-être une voie à suivre.

S.-B. : Alors on aura peut-être l’occasion de vous contacter pour cette campagne ALIMENTERRE?

Tiken Jah Fakoly : Ça sera avec plaisir !

Interview réalisé par Starting-Block le 07/03/2013

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