Contre la faim, soyons cohérents ! Interview de Jean-Louis Vielajus
Dans cette interview réalisée à l'occasion de la conférence "Contre la faim, soyons cohérents", Jean-Louis Vielajus, délégué général du CFSI, nous explique pourquoi l'accès à l'alimentation doit être, plus que jamais, au coeur des préoccupations des pays du Nord et du Sud.
Il y évoque les effets des politiques européennes sur le développement des pays du sud et sur leur droit à l'alimentation. Aux subventions des exportations européennes en Afrique se sont greffés d'autres facteurs tel que le développement des agrocarburants industriels issus de produits alimentaires, au détriment des exploitations agricoles familiales africaines, principales sources rémunératrices et garantes de l'autosuffisance alimentaire.
Cette nouvelle demande a conduit à une compétition sur les terres entre produits alimentaires et agrocarburants. Ce phénomène s'est conjugué à l'incertitude et à la sécheresse pour expliquer la flambée récente des prix, supérieure à celle de 2008. Deux logiques s'entrechoquent : celle de d'exigence de production d'agrocarburants en même temps que la nécessité d'une plus grande production alimentaire. Dans cette configuration, l'aide au développement peine à trouver sa cohérence. Une pression s'exerce à la fois sur les terres et sur les prix qui pénalisent les consommateurs d'Europe mais surtout ceux du Sud, et de l'Afrique précisément. Les politiques mises en place en Europe doivent être analysées sous l'angle des effets potentiellement négatifs que celles-ci peuvent avoir sur les politiques de développement. La réflexion est d'ores et déjà posée, certes pas encore au niveau souhaité, et s'invite également dans le débat français. La relance des agricultures familiales du sud constitue une priorité pour les marchés locaux, la création d'emploi et la distribution des revenus. Il s'agit d'un pilier de la lutte contre la faim et la pauvreté.