Agrocarburants : la dernière bataille ?

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Climat et énergie

Patrick Sadones de la Conféderation Paysanne a publié ce rapport suite à sa participation au comité technique d'une étude ADEME sur le bilan énergétique des agrocarburants. D'abord présentés comme la solution miracle au réchauffement climatique, les agrocarburants ont ensuite été vivement critiqués et le gouvernement français avait demandé une étude poussée et contradictoire suite au Grenelle de l'environnement.

Champs de colza © Jean-Michel Rodrigo

Origine des agrocarburants : un contexte agricole excédentaire

Les agrocarburants sont apparus dans les années 90 quand l’Europe devait faire face à une production agricole excédentaire. Un des moyens utilisés pour freiner la production fut de mettre des terres en jachère et de produire des cultures destinées à la production d’énergie (problème de l’indépendance énergétique déjà présent).

Mais rapidement, les agriculteurs ont considéré que les agrocarburants constituaient un nouveau débouché solvable pour les produits agricoles. De plus, face au problème du réchauffement climatique et de l'épuisement des énergies fossiles, les agrocarburants sont apparus, aux yeux des décideurs notamment, comme la solution miracle.

Polémique autour de l'impact du changement d'affectation du sol

En 2010 l’ADEME (Agence de l'Environnement de la Maîtrise de l'Energie) a été chargée de mener une étude « exhaustive et contradictoire » concernant l’impact énergétique des agrocarburants. Les conclusions du rapport ont été remises en cause par des membres du comité technique ayant participé à l’étude, dont l'auteur du présent rapport, Patrick Sadones. Il dénonce le parti pris de l'ADEME en faveur des agrocarburants industriels et pose la question de son indépendance vis à vis du pouvoir politique.

En réponse à la polémique, il a été demandé à l’INRA d’effectuer une analyse de toutes les publications scientifiques existantes traitant de l'impact du Changement d'Affectation des Sols (CAS) imputable au développement des agrocarburants.

Les agrocarburants, pas si écolo...

La mise en culture de nouvelles terres, soit pour produire les agrocarburants, soit indirectement, pour remplacer la demande alimentaire déplacée par la production de cultures énergétiques (ce qu'on appelle le CAS), provoque une déforestation émettrice de gaz à effet de serre. Résultat : les deux tiers des évaluations chiffrent la réduction des émissions de GES par rapport aux carburants d'origine fossile en-dessous de 35 %, valeur minimale fixée par la directive Energies Renouvelable de l'UE. Plus inquiétant encore, l'impact du CAS représente à lui seul davantage que les émissions liées à l'utilisation des carburants d'origine fossile dans un quart des études.

Pour Patrick Sadones, les politiques publiques européennes en faveur des agrocarburants ne reposent pas sur des réalités contrairement au Brésil et aux Etats Unis où les objectifs d'indépendance énergétique sont atteints, avec toutefois de graves conséquences sur les prix alimentaires.