Main d'œuvre importée pour fraises exportées

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français

Conditions de travail dans les plantations de fraises à Huelva (Espagne)

Dans son rapport « Main-d’œuvre importée pour fraises exportées » , la FIDH pointe du doigt la situation des travailleurs saisonniers dans les plantations de fraises du sud de l’Espagne, plus précisément à  Huelva en Andalousie. Elle dénonce les entraves aux droits de l’Homme d’un système de migration circulaire.

Dans le sud de l’Espagne, la culture intensive de la fraise, destinée à l’exportation nécessite une main-d’œuvre temporaire importante. Afin de répondre à cette demande en main d’œuvre d’un secteur peu attractif, le gouvernement espagnol a mis en place le système de la contratación en origen. Ce système vise à recruter dans leur pays d’origine, des travailleurs qui sont convoyés puis répartis dans les plantations espagnoles, sous réserve de retourner dans leur pays d’origine à la fin de la saison. C’est aussi un moyen pour le gouvernement espagnol de réguler les flux migratoires. Avec l’entrée des pays de l’Est de l’Europe dans l’espace Schengen, la main d’œuvre concernée est essentiellement composée des travailleuses marocaines.

L’absence de cadre juridique en faveur de la protection des travailleurs agricoles saisonniers en Andalousie est la porte ouverte à toutes les exactions de la part des producteurs. De plus, en limitant l’immigration et les opportunités de travail légal, la politique migratoire de l’Union européenne, et celle de l’Espagne en particulier, placent de les migrants dans une situation de vulnérabilité face aux employeurs et aux intermédiaires.

Le rapport montre que depuis 2009, si certaines femmes commencent à manifester, par des grèves ou sit-in, leur colère contre les conditions de travail et de vie dans les camps, ces mobilisations restent toutefois marginales et ne sont pas relayées par les syndicats ni par les organisations présentes sur place.

Afin de renforcer la protection des travailleurs saisonniers agricoles, la FIDH appelle les autorités espagnoles à :

  • faciliter la possibilité pour les travailleurs saisonniers d’obtenir des cartes de séjour permanent et de faire venir leurs familles ;
  • réformer le droit du travail et notamment la Convention collective de Huelva afin de renforcer les protections octroyées aux travailleurs agricoles ;
  • intensifier les inspections du travail ;
  • ratifier la Convention sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille.

La FIDH appelle le parlement européen à amender la proposition de « directive travailleurs saisonniers » afin d’augmenter le niveau de protection et l’accès aux droits.