Arnarque à l'huile de palme durable

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français

En janvier 2011, les Amis de la Terre France révélaient que l’entreprise malaisienne, Sime Darby , l’un des plus gros producteurs au monde d’huile de palme était en négociation avec la région Languedoc-Roussillon pour ouvrir une importante usine sur le site de Port la Nouvelle (Aude). Les négociations sont toujours en cours mais les enjeux se confirment : l’objectif pour Sime Darby est de construire une plateforme de stockage et de transformation d’huile de palme pour alimenter l’Europe et l’Afrique du Nord.

L’huile proviendrait dans un premier temps d’Indonésie et de Malaisie puis du Libéria où l’entreprise possède près de 200 000 hectares de plantations. Pour masquer les conséquences désastreuses de l’extension du palmier à huile dans ces pays, Sime Darby met en avant que sa production sera certifiée selon les critères de la « Table ronde pour le palmier à huile durable ».

Or, selon le rapport des Amis de la Terre France, cette certification est un leurre : « Nous avons collecté des preuves pour montrer que des entreprises certifiées, comme Sime Darby, étaient directement impliquées dans des cas de déforestation et des conflits avec des communautés. Les critères de la Table ronde sur le palmier à huile durable sont insuffisants et les contrôles laxistes » explique Sylvain Angerand, chargé de campagne pour les Amis de la Terre qui ajoute «  Le vrai problème avec l’huile de palme, c’est que nous en consommons trop et que cette dépendance est à l’origine de tensions foncières croissantes dans les pays du Sud. Nous sommes donc opposés à toutes nouvelles infrastructures conduisant à une hausse de la capacité d’importation européenne et défendons le principe d’une agriculture relocalisée ».

Les Amis de la Terre France montrent ainsi, chiffres à l’appui, que l’augmentation des importations d’huile de palme depuis dix ans est couplée à l’émergence du marché des agrocarburants. Comme l’explique Sylvain Angerand, le lien est indirect mais manifeste : « L’huile de palme est encore assez peu utilisée directement comme agrocarburant. Mais le détournement des productions d’huile de colza et de tournesol pour faire rouler les voitures et les camions oblige les industriels de l’agroalimentaire à importer davantage d’huile de palme en substitution ».