Crise rizicole de 2008 : chocs et nouveaux enjeux

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français

Ce bulleton d'information du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest "Enjeux ouest-africains" fait le point sur la dépendance alimentaire de l'Afrique de l'ouest et sur les conséquences de la crise rizicole de 2008. 

L’Afrique de l’Ouest importe 5,2 millions de tonnes de riz contre 1,7 au début des années 1990 et ne couvre que 60 % de ses besoins malgré des potentiels de production considérables. Si ses rendements sont globalement inférieurs à ceux des grands pays producteurs et exportateurs mondiaux, la région soutient la comparaison en termes de coûts de production. Ce sont les coûts de transformation et de commercialisation et la faible productivité qui entravent la compétitivité des productions locales.

Lorsqu’en 2008, les prix mondiaux s’envolent suite aux restrictions d’exportations des principaux fournisseurs du marché mondial, l’impact varie selon les pays en fonction du degré de dépendance et d’exposition au marché mondial : entre janvier et avril 2008, les prix sont multipliés par trois au niveau mondial, par deux au Sénégal, par 1,5 au Bénin et au Mali. Dopé par ses exportations d’hydrocarbures, le Nigeria achète plus de riz que jamais tandis que le Sénégal diminue ses importations de 16 %. La baisse du pouvoir d’achat des consommateurs empêche les commerçants de profiter de la situation (diminution des marges et même ventes à perte) alors que des producteurs locaux disposant de stocks réalisent des bénéfices inespérés. Une nette augmentation de l’insécurité alimentaire sévère en milieu urbain est observée. Les gouvernements baissent ou suppriment les taxes sur les importations, viennent en aide aux consommateurs vulnérables et mènent des politiques volontaristes pour accroître la production et développer les filières industrielles ou semi-industrielles. Mais la croissance de la production (qui demeure inférieure à celle de la consommation) s’opère par extension des surfaces ; logique qui se heurte déjà au manque de terres aménagées.

La région restera durablement tributaire d’un marché international structurellement haussier et de plus en plus volatile. Les ménages urbains les plus vulnérables seront les plus exposés. L’augmentation des revenus de ces ménages, la promotion des aliments locaux et la régulation des prix sont les options politiques à privilégier.