Note d'analyse des premiers impacts de la pandémie du Covid 19 sur les exploitations familiales
L'Association de Promotion de l'Elevage au Sahel et en Savane (Apess) dresse un premier bilan des conséquences de la crise sanitaire sur la filière agropastorale. L'étude se fonde sur de premières données collectées entre mars et avril 2020 dans les 12 pays d'intervention de l'Apess : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Bénin, Togo, Sénégal, Gambie, Guinée Bissau, Mauritanie, Nigéria, Cameroun, Tchad.
Les conséquences de la crise sanitaire
L'épidémie de Covid-19 et les mesures de quarantaine en découlant ont déjà des conséquences sur les conditions de vie en Afrique de l'Ouest. La dégradation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle est un risque majeur dans une région touchée par les instabilités climatiques, économiques, politiques et sociales.
Les principaux défis à relever
L'Apess, en tant qu'association d'éleveurs et d'éleveuses, anticipe les principaux défis pour le secteur agropastoral :
- une crise pastorale durable avec la désintégration des filières (production, transformation et commercialisation. ). Dans la filière lait, l'Apess constate la fermeture de plusieurs mini-laiteries créatrices d'emplois et de revenus pour les éleveurs ;
- un risque de famine accrue dans les exploitations familiales. La fermeture des marchés et des axes de communication suppriment des débouchés commerciaux et l'accès aux intrants agricoles nécessaires à la production ;
- l'accroissement des conflits ruraux et inter-communautaires pour l'accaparement des ressources naturelles. Dans le cas de l'élevage, les restrictions de déplacements limitent les zones de pâturages et les points d'eau ;
- l'arrêt durable de la transhumance, du fait des restrictions de mobilité. Or, la transhumance est un moyen privilégié pour faire face aux chocs dans la région.
Ainsi, au delà de l'impact économique sur la filière, les éleveurs, les éleveuses et leur famille risquent d'être touchés durablement par les mesures de prévention prises par les gouvernements. La crise sanitaire est aussi une crise socio-économique. Entre autres risques, certains acteurs de la filière pourraient se tourner vers les groupes armés pour y faire face.
L'Apess révise ses axes d'intervention
La crise limite l'accompagnement des éleveurs par les organisations d'appui telles l'Apess. Afin de soutenir les éleveurs et les éleveuses malgré la situation, l'Apess a prévu de créer un comité de veille et d'action commune. Cet espace permettra de sensibiliser, d'informer et de soutenir les parties prenantes de la filière agropastorale dans une crise dont l'issue demeure encore imprévisible.
Pour aller plus loin :
- Brève, Situation Covid-19 en Afrique de l’Ouest, avril 2020