Nourrir sa famille sur un ex-champ de maïs

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Agriculture durable

La Chalosse, c'est « l'autre partie des Landes », celle en I dessous de l'Adour, un territoire agricole vallonné de petits bois et parcelles sur lesquelles on produit du maïs pour de petits élevages de volailles et canards. C'est ici, à Poyartin (40), que Jérémy et Cécile achètent il y a treize ans une ferme qui fut à la fois lieu de vie et bâtiment agricole pour les métayers. La localisation est idéale pour la jeune famille avec ses deux enfants: à une heure des Pyrénées et de l'Atlantique. Seul l'horizon proche est bouché : la maison est entourée de champs de maïs.

SPONTANÉMENT, SAULES, CHÊNES ET NOISETIERS POUSSENT 

Lorsque le cultivateur voisin cesse son activité, la famille rachète le champ « pour qu'il n'y ait plus de maïs » avec l'idée de laisser faire la nature : passer un simple outil pour casser la couche superficielle de racines, arrêter de cultiver et observer. Spontanément, saules, chênes et noisetiers poussent. Jérémy élargit les chemins tracés par les traversées des animaux sauvages, accompagne les premières essences pionnières qui se bouturent en plantant directement dans le sol des branches de saule. La biodiversité explose. RETROUVER UN SENS AU TRAVAIL « Il n'y a rien à manger dans ton champ, même pas de quoi te nourrir et nourrir ta famille ». Ce regard porté sur son travail interroge Jérémy. Il vient de Sékouba, Guinéen, réfugié et cultivateur d'agrumes rencontré sur un chantier d'aménagement paysager à Bordeaux. Les deux hommes s'associent pour travailler cette terre ensemble : 1,7 hectares de maraîchage sont mis en place via quatre serres de 600 m', 2300 m' en plein champ et des arbres fruitiers. À deux, ils entretiennent le paysage et produisent des paniers de légumes qui participent à nourrir le territoire.

La production maraîchère lui donne le goût du travail local: il retrouve un sens qu'il avait perdu à réaliser des chantiers paysagers à quelques centaines de kilomètres parfois, lui qui spécialise son travail autour du réemploi. Sékouba, lui, a besoin de retourner vivre en ville et les deux hommes se séparent au bout de quelques années. [...] Voir l'article complet.

Article de Anna Dupleix-Marchal, paru dans le numéro 504 de Transrural Initiatives novembre-décembre 2024