“Partir à l’aventure” à L’antre de l’éléphant, Muel
L’Antre de l’éléphant est un très joli espace de création artistique, de projection et d’exposition ouvert
depuis 2 ans et situé sur la place de l’église de Muel. Le vendredi 24 novembre y était projeté le
documentaire « Partir à l’aventure ». Ce film réalisé par quatre étudiantes en agronomie questionne
les liens entre des parcours migratoires et nos systèmes de production agricole. Ces questionnements
ont guidé leurs pas à travers la Côte d'Ivoire, le Maroc et la France. Elles y retracent des parcours
migratoires et donnent la parole aux travailleurs, expatriés, et acteurs agricoles et administratifs des
déplacements humains. La projection était suivie d’un débat en compagnie de Emmanuel LEBRUN,
enseignant au lycée agricole du Rheu et syndicaliste à SUD-Solidaire. Une quinzaine de personnes
étaient présent-e-s pour y assister.
Une fois sorti-e-s du choc d’un film fort émotionnellement, les échanges se sont centrés sur le vécu
de la migration sur le territoire. Il est soulevé que nombre de personnes, principalement issues des
pays de l’Est, viennent en effet travailler dans les industries agricoles locales. Le territoire a en effet
besoin de main d’œuvre pour ce travail dur, et payés « à la hauteur des moyens disponibles ». Les
conditions de travail sont difficiles, les conditions de vie aussi. Les employeurs sont peu regardants sur
la validité des papiers présentés, mais peu soucieux du respect de leurs droits et voient d’un très
mauvais œil les contacts des travailleurs immigrés avec le monde associatif local. Une femme ayant
accueilli un réfugié malien témoigne longuement de son vécu : « On a accueilli un migrant sous OQTF,
parce qu’il était arrivé par l’Italie. Il devait pointer tous les jours à la gendarmerie […] et il savait qu’à
chaque fois, il pouvait y aller et ne plus revenir, passer par le CRA de Saint Jacques et être renvoyé.
Alors il y allait pas, évidemment. Ça a duré deux ans, à faire attention tous les jours, sur le qui-vive en
permanence […] On a fait la fête quand il a obtenu le statut de réfugié. Mais c’est pour 10 ans. C’est
jamais résolu. »
Les échanges se sont clôturés après un débat sur la légitimité du choix des employeurs dans l’emploi
de travailleur-euse-s sans papiers.