“Partir à l’aventure” au Centre Emmaüs de Fougères

Jeudi 23 novembre, à l’initiative du Réseau d’Éducation à l’Environnement du Pays de Fougères
(REEPF), le documentaire “Partir à l’aventure” était projeté au Emmaüs de Fougères. Ce film réalisé
par quatre étudiantes en agronomie questionne les liens entre des parcours migratoires et nos
systèmes de production agricole. Ces questionnements ont guidé leurs pas à travers la Côte d'Ivoire,
le Maroc et la France. Elles y retracent des parcours migratoires et donnent la parole aux travailleurs,
expatriés, et acteurs agricoles et administratifs des déplacements humains.


La salle était comble, et le sujet a fortement résonné dans un public composite de personnes du
monde associatif, d’élues et de compagnons d’Emmaüs. Les premières interventions ont pointé les
multiples responsabilités de la violence subie par les personnes voulant se déplacer. Celles sur leur
territoire qui parfois poussent à partir, conséquence des politiques de dirigeants africains imposés par
les politiciens européens et contrôlés par eux au détriment de la population. La responsabilité de
l’argent ensuite, « plancher de tous les travers », qui permet le contrôle et l’accaparement des
ressources au profit des pays du Nord. Le néocolonialisme est pointé du doigt, et ses conséquences
pour les populations. Une personne originaire du Sénégal soulève : « On parle le français, mais on a
faim ! Parce qu’on apprend aux enfants à parler français, mais pas à cultiver ». Quelqu’un d’autre
soulève que les migrations risquent de saper la transmission des connaissances agricoles, ce qui est
d’autant plus dommageable dans un contexte de renforcement des contraintes climatiques.
Au-delà des responsabilités, ce sont les vécus qui ressurgissent. Une femme prend la parole : « Je suis
partie, non pas parce que j’avais faim, mais parce que comme un Français, j’avais envie de changer. Et
je me retrouve aujourd’hui en France avec un manteau siglé “Immigrée”. Et ces réactions, la violence
ici, elle fait mal. Moi, j’ai juste envie de vivre ! ». L’aberration du rejet xénophobe est aussi relevée.
Quelqu’un le souligne : après toute la colonisation, le pillage des ressources et les fausses promesses
de développement « On pourrait aussi simplement dire si on voulait : on vient chercher ce qui nous
est dû ».


La discussion, forte en émotions et réflexions, s’est clôturée sur un pot qui a permis de poursuivre les
échanges.