Paysans en première ligne contre l'insécurité alimentaire
La coopérative Viimbaore/Naam regroupe 400 Greniers de sécurité alimentaire qui gardent des denrées agricoles accessibles aux ménages vulnérables burkinabè lors de la période de soudure (juin-août). Ses greniers sont alimentés par les producteurs membres. Depuis 2020, la coopérative est aussi parvenue à signer des contrats d’approvisionnement de cantines scolaires avec quelques communes. Mathieu Sawadogo, responsable administratif et financier de la coopérative, et Noufou Guira, responsable opérationnel reviennent sur les difficultés d’accès à ces marchés.
Qu’est-ce que la coopérative Viimbaore/Naam ?
La coopérative Viimbaore/Naam a été conçue dans la lignée des premières banques de céréales créées par la Fédération nationale des groupements Naam (FNGN) dans les années 1980. Elle intervient dans neuf régions, 19 provinces, 68 communes et 476 villages. La coopérative [...] a mis en place 476 Greniers de sécurité alimentaires (GSA) pour lutter contre l’insécurité alimentaire au Burkina Faso. Il s’agit de magasins communautaires qui achètent des denrées de base en masse à la saison où elles se vendent à bas prix et les revendent aux populations à un prix social pendant les périodes difficiles. [...] Viimbaore/Naam privilégie l’approvisionnement auprès des producteurs membres pour remplir ses greniers. Il nous semble par ailleurs primordial de conduire des actions de plaidoyer à destination des autorités, pour leur faire comprendre l’importance du consommer local. [...] En plus de la gestion des stocks, Viimbaore/Naam soutient le développement de l’agroécologie, notamment pour le niébé, et participe à la transformation des produits agricoles.
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Comment la coopérative Viimbaore/Naam est-elle parvenue à approvisionner des cantines ?
Un atelier organisé à Ouahigouya a réuni en 2019 une trentaine de maires et nous avons pu y annoncer nos capacités de collecte. En 2020, la coopérative Viimbaore/Naam a signé un contrat avec la mairie de Tangaye située dans la province du Yatenga. [...] Cette première expérience s’est bien passée et a encouragé la coopérative à la réitérer. L’année suivante, de nouvelles rencontres ont eu lieu dans la région du Nord, avec l’ensemble des maires. Trois d’entre eux ont voulu contractualiser avec Viimbaore/Naam pour l’approvisionnement en riz, en niébé et en huile de leurs cantines. Nous n’avons malheureusement pas pu répondre à cette demande car la mauvaise campagne agricole de 2021 a engendré un problème de disponibilité et de flambée des prix, surtout sur la filière niébé. La coopérative Viimbaore/Naam souhaite que le gouvernement prenne des mesures exceptionnelles pour protéger les initiatives locales. La plupart du temps, les marchés sont distribués par lots. Nous avons donc fait le choix de ne pas répondre au marché du niébé et de privilégier celui du riz.
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Comment se déroule le processus de contractualisation avec les Mairies ?
La contractualisation peut se faire au niveau central de la coopérative ou au niveau des unions. Au niveau central, c’est l’équipe technique de Viimbaore/Naam qui est chargée de la contractualisation. Si cette contractualisation se fait à l’échelle des unions, l’équipe technique de la coopérative accompagne les unions dans l’exécution du marché. Elle les guide dans le suivi de la qualité des produits achetés et le traitement des contrats. Du côté des unions, la contractualisation se fait généralement sur une année scolaire. Les livraisons vers les cantines scolaires sont assurées par les groupements membres des unions. Ces dernières années, l’insécurité a fragilisé ce système et des stratégies ont dû être développées pour garantir la distribution. Les risques d’attaques obligent à fournir de petites quantités à chaque fois. Viimbaore/Naam soutient et encourage les producteurs à produire plus de sorte à ce que les enfants puissent manger ce qui est produit dans leurs villages. Ces soutiens prennent la forme de formations et d’appui-conseil, de dotations de semences ou de matériel de production.
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Pour creuser le sujet :
- Jacob Kiema, Une région test pour ouvrir le marché des cantines, 2021
- CFSI, L’alimentation scolaire en Afrique de l’Ouest, 2021
- Estelle Dandoy, Organisations paysannes et marchés institutionnels, 2020
