"Pour une transformation des systèmes alimentaires : le véritable coût de notre alimentation"

Les systèmes alimentaires durables sont au cœur des préoccupations mondiales. Les coûts cachés de l’alimentation, qui incluent les impacts environnementaux, sociaux et économiques non comptabilisés dans le prix d’achat des aliments, ont des impacts significatifs sur l’économie, l’environnement et la société. Ils peuvent induire des pertes de biodiversité, des coûts de santé publique et des inégalités sociales. Ces coûts, souvent non reflétés dans les prix du marché, nécessitent une attention particulière pour favoriser la transformation des systèmes alimentaires vers davantage de durabilité.

Le CIRAD, l’IRD et la Chaire UNESCO Alimentations du monde ont organisé le 22 mai,  un séminaire rassemblant chercheur·e·s, politiques et société civile autour des coûts cachés de nos systèmes alimentaires. Cette diversité d'acteurs a permis d’aborder les problèmes sous différents angles et de favoriser un dialogue constructif. L'objectif du séminaire était, d'une part, de parvenir à identifier les besoins de connaissances ainsi que les questions de recherche essentielles, et, d'autre part, à envisager d'éventuelles collaborations pour aborder les défis liés aux systèmes alimentaires durables.

Les discussions ont relevé la cohérence nécessaire dans l’allocation des moyens pour une véritable transformation des systèmes alimentaires. Les coûts cachés sont les conséquences économiques, environnementales et sociales non comptabilisées dans le prix d’achat des aliments. Ils peuvent être liés à des pratiques agricoles non durables, à des caractéristiques nutritionnelles mauvaises, ou encore à l’impact environnemental de la production alimentaire. Ces coûts, souvent non reflétés dans les prix du marché, ont un impact significatif sur l’économie, l’environnement et la société. 

Plusieurs méthodologies sont associées à l'étude des coûts cachés, suivant l'approche, on parle de:

  • Monétarisation des impacts : évaluer financièrement les externalités pour les intégrer dans les coûts de production.
  • Comparaison avec le PIB ou les dépenses publiques : mesurer l’impact des coûts cachés sur l’économie nationale.
  • Exposition aux risques : identifier les risques liés aux coûts cachés et leur impact potentiel sur la société.

concrètement, les actions doivent s'orienter vers :

  • Une modification des comportements vers la durabilité : encourager des pratiques plus durables à travers la prise de conscience des coûts cachés.
  • Des choix politiques éclairés : utiliser les données pour orienter les décisions politiques vers des solutions qui maximisent le bien-être sans engendrer de coûts excessifs.
  • Une compréhension des impacts socio-économiques et environnementaux : connaître les conséquences à long terme des coûts cachés pour les atténuer.

Néanmoins, les estimations des coûts cachés sont complexes et reposent sur des hypothèses qui doivent être clarifiées, notamment en ce qui concerne les intérêts économiques et les changements climatiques. La critique principale est que la monétarisation peut ne pas capturer pleinement les impacts humains et environnementaux, et qu’il peut y avoir des inconvénients à réduire ces coûts à des valeurs monétaires. Les acteurs, notamment économiques, les consommateurs et les États, doivent collaborer pour intégrer les coûts cachés dans les décisions politiques. Les dépenses publiques et les réglementations nécessitent une réorientation pour assurer la viabilité économique, tout en tenant compte des coûts sociétaux. La prise en compte des coûts cachés est un premier pas vers la transformation des systèmes alimentaires. La collaboration entre tous les acteurs est cruciale pour créer une capacité à générer des revenus sur le long terme et à conditionner les dépenses de manière à minimiser les pertes de valeurs du PIB dues aux impacts négatifs.

Accédez aux pages des organisateurs : La chaire UNESCO Alimentations du monde, l'IRD et le CIRAD.

Pour plus de détails, vous pouvez revoir les présentations de :

  • Philippe Baret, Université catholique de Louvain, Intégrer les externalités de l’agriculture, un enjeu majeur pour favoriser la transition agro-écologique et Andrea Cattaneo, FAO, Pour une transformation des systèmes alimentaires : connaître le coût véritable de l’alimentation – Rapport SOFA 2023, préparation SOFA 2024 et SOFA 2025 ; en cliquant ici !
  • Christophe Alliot, Le BASIC, Financements du système alimentaire et dépenses publiques : les coûts sociétaux pour informer le débat démocratique et la prise de décision et la table ronde ; en cliquant ici ! 

La synthèse de l'atelier est accessible ici ! 

Chaire UNESCO alimentation du monde

 

CFSI, ce 30/05/2024.