Pourquoi l'Inde perd sa guerre contre la faim
Dans le monde, une personne souffrant de la faim sur quatre vit en Inde. Depuis la "révolution verte", le pays produit suffisamment de nourriture pour subvenir à ses besoins alimentaires, mais il n'est toujours pas parvenu à éradiquer la faim qui y sévit. Actuellement, 40 % de la population en Inde souffre de malnutrition, soit un recul de seulement 10 % sur les trois dernières décennies.
La flambée récente du prix des denrées alimentaires n’a rendu que plus critique la situation précaire de familles déjà pauvres. Ces familles consacrent plus de 60 % de leurs revenus à l'alimentation et ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Cette hausse des prix touche également les petits agriculteurs. Sur ces 15 dernières années, le surendettement a poussé près de 250 000 paysans au suicide.
La création en 2004 du National Advisory Council (NAC, le Conseil consultatif national), qui a entamé son second mandat en 2010, a accru le pouvoir de la société civile sur les politiques sociales. Cette institution a apporté la volonté politique nécessaire pour déclencher des changements législatifs majeurs.
Par exemple, le NFSB (National Food Security Bill, ou projet de loi nationale sur la sécurité alimentaire), en cours d'élaboration par le NAC pendant son second mandat, vise à créer des dispositions légales plus durables pour prévenir la faim
Au rythme actuel, l'Inde n'aura divisé par deux la part de la population souffrant de la faim qu'en 2083, soit près de 70 ans après l'échéance fixée dans les OMD. Pour accélérer le mouvement, la mise en œuvre efficace du projet de loi NFSB sera déterminante. Mais pour espérer un véritable changement, il faudrait surtout une reprise des réformes agraires et une redynamisation durable de la productivité agricole.
Voir aussi :
Money for nothing - L'Inde expérimente le revenu inconditionnel, 2013
L'association SOL, membre du CFSI, agit dans le Nord de l'Inde pour assurer la souverainté alimentaire de populations marginalisées en retrouvant un modèle d'agriculture respectueux de la biodiversité et de leurs traditions.