Préserver le patrimoine semencier du bassin du fleuve Sénégal

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Biodiversité

La moyenne vallée du fleuve Sénégal, région située aux confins du Mali, de la Mauritanie et du Sénégal, est le siège d’une production agropastorale diversifiée, en particulier sorgho, niébé et patate douce. Le travail d’inventaire réalisé par le Grdr dans plus d’une centaine de villages en a recensé près de 500 variétés. Ce livret explore les conséquences des politiques semencières sur les paysans et l'importance de soutenir la sauvegarde des ressources semencières.

Politiques semencières

L’autorisation de commercialiser des semences est régie depuis 2008 par un règlement pour l’espace Cedeao. Il oblige à enregistrer toutes les variétés dans un registre commun aux pays de la région : le catalogue ouest-africain des espèces et variétés végétales (COAFEV). Les variétés paysannes en sont exclues car elles ne répondent pas aux critères définis pour l’inscription au catalogue, comme l’homogénéité et la stabilité. Le marché des semences est désormais réservé aux variétés industrielles et aux variétés améliorées de la recherche.

Les politiques semencières au niveau des trois pays du bassin du fleuve Sénégal (Mali, Mauritanie, Sénégal) sont similaires. Elles mettent toutes en avant les semences dites améliorées certifiées au détriment des semences paysannes. Contrairement aux semences certifiées, les semences paysannes sont reproductibles. Elles garantissent l’indépendance et l’autonomie des producteurs et productrices en agriculture paysanne pour la souveraineté alimentaire.

Préservation du patrimoine semencier

Un axe majeur de travail du Grdr depuis 2010 a été le soutien à la constitution de réseaux de la société civile portant les enjeux associés aux semences paysannes. La création du comité ouest-africain des semences paysannes (COASP), en 2014 à Djimini au Sénégal à l’issue de la foire sur les semences paysannes, est un des résultats concrets de cet axe. Un axe majeur de travail du Grdr depuis 2010 a été le soutien à la constitution de réseaux de la société civile portant les enjeux associés aux semences paysannes. La création du comité ouest-africain des semences paysannes (COASP), en 2014 à Djimini au Sénégal à l’issue de la foire sur les semences paysannes, est un des résultats concrets de cet axe.

Au niveau de chaque pays membre, un COASP national s’est mis en place. Ce dernier constitue un cadre de concertation d’organisations qui sont engagées pour la promotion des semences paysannes dans des dynamiques collectives.

On note deux types de conservation : la conservation en dehors de son habitat naturel (ex situ) et la conservation par le maintien dans les systèmes cultivés par les paysans (in situ).

Dans le cas de l’in situ, les règles sociales de la communauté déterminent en général le libre accès pour tous aux ressources génétiques contrairement à l’accès aux collections ex situ qui est formalisé au travers de contrats tant pour les banques publiques que privées.

Urgence à reconnaître le rôle des paysans

Les générations de paysans ont créé un très grand nombre de variétés avec des caractéristiques différentes qui constituent la base de la biodiversité agricole. Par leur contribution au renouvellement de la biodiversité, qui est essentielle pour l’alimentation et l’agriculture, les paysans ont rendu et continuent de rendre un immense service à tous les habitants de la planète.

Alors que les systèmes alimentaires ouest-africains s’industrialisent, une vigilance particulière s’impose pour garantir le maintien des conditions nécessaires à l’entretien et l’enrichissement de ce patrimoine semencier. C’est autour de cet enjeu que le Grdr a soutenu l’émergence et la consolidation de collectifs regroupant organisations paysannes et ONG à même d’influencer les pouvoirs publics.La reconnaissance par les Etats du rôle fondamental des paysans dans le maintien et l’enrichissement de la biodiversité cultivée devient urgente.