Produire mieux pour tous

Étude/Synthèse/Article
Langue(s) : Français
Thématiques : Faim et malnutrition, Politiques agricoles et alimentaires

Sous-alimentation au Sud et obésité au Nord ne sont que les symptômes d'un modèle alimentaire absurde, polluant et injuste. Il est nécessaire de faire autrement !

 

Alors que 800 millions de personnes dans le monde sont sous-alimentées, la moitié de la population des Etats-Unis est en surpoids…

La malnutrition, en carence ou en excès, est non seulement absurde mais aussi injuste et scandaleuse », dénonce Gilles Fumey, professeur à l’université Paris-Sorbonne. Il serait en effet tout à fait possible, aujourd’hui,de satisfaire les besoins alimentaires de tous. Pour nourrir la population mondiale, il faut produire 150 kg de céréales (ou équivalent) par personne et par an ; la production mondiale actuelle se situe déjà autour de 330 kg.

« Le problème, ce n’est pas le manque de nourriture – on est même en surproduction –, mais la pauvreté et le manque de pouvoir d’achat », en conclut Marc Dufumier, agronome et président de la Plate-forme pour le commerce équitable. C’est vrai dans des pays en développement où « les paysans ne parviennent pas à générer assez de revenus pour acheter de la nourriture », dans certains pays émergents, précise-t-il, tels que l’Argentine ou le Brésil, mais aussi dans les pays riches comme la France.


Produire plus ?

La proposition de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) de multiplier par deux la production agricole d’ici 2050 est donc remise en cause par de nombreux chercheurs. Pour Eve Fouilleux, directrice de recherche au CNRS, ce chiffre est même dangereux car « à la fois trop général et trop réducteur. Or il est politiquement puissant, puisqu’il est mobilisé par de nombreux acteurs, que cela soit des agro-industries ou des syndicats agricoles ». Les consommateurs occidentaux mangent déjà beaucoup plus de protéines animales que ne le nécessitent leurs besoins physiologiques, qui peuvent être également couverts par des protéines végétales. Quant aux systèmes intensifs d’élevage, ils mobilisent d’importantes quantités d’aliments concentrés en protéines.

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Pour Olivier De Schutter, membre du panel international d’experts sur les systèmes alimentaires durables (Ipes Food) [1], l’industrialisation de l’agriculture a été une réponse utile à la très forte croissance démographique des années 1950 et 1960 : « Les technologies comme la mécanisation et l’utilisation des intrants externes répondaient alors à une urgence.» Toutefois, le défi que nous affrontons aujourd’hui est très différent : « La productivité a augmenté plus vite que la demande et on réalise que les externalités négatives de ce modèle ont été trop longtemps sous-estimées », poursuit-il.
Il s’agit en particulier des impacts environnementaux. Le secteur, de la production à la consommation, représente en effet un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine [...]

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