« Quelles agricultures pour demain ? » : la saison 5 du podcast du Cirad
Nourrir le vivant, le podcast du Cirad
La population mondiale devrait atteindre dix milliards de personnes en 2050, faisant bondir la demande en produits agricoles. Or, nos approches conventionnelles de la production et de la consommation ne permettent pas de répondre durablement à cette augmentation. Entre pollution, perte de biodiversité, réchauffement climatique… Comment ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis ? Ce défi, colossal, nous impose de changer radicalement notre rapport au vivant. À travers son podcast Nourrir le vivant, le Cirad vous emmène à la découverte de territoires et populations qui réinventent leur agriculture. Accompagnés de scientifiques, agricultrices, formateurs, étudiantes, éleveurs découvrent la force de transformation des systèmes agricoles, de la production alimentaire à l’emploi, en passant par la santé des écosystèmes.
Les six épisodes de la saison 5 « Quelles agricultures pour demain ? »
À écouter via leur site web, ou bien sur Acast, Spotify, Deezer, Apple Podcast, ou encore la chaîne YouTube du Cirad.
Épisode 1 : Semer la biodiversité
Jusqu’à récemment, l’amélioration des plantes était très orientée vers l’augmentation des rendements. En milieux contrôlés, les programmes de recherche ont développé des variétés à haut rendement boostées aux intrants (révolution verte). Aujourd’hui, on constate un retournement de situation impulsé par les changements globaux. Les contextes climatiques sont de plus en plus imprévisibles, et l’attention portée aux capacités d’adaptation des plantes devient prépondérante par rapport au rendement pur. On revient à des semences paysannes, peut-être moins productives mais plus régulières en termes de production. Ce virage engendre une autre prise de conscience : la nécessité d’impliquer les “utilisateurs finaux” des programmes de sélection variétale et des projets de conservation de la biodiversité cultivée, à savoir les paysans, les transformatrices, les distributeurs et les consommatrices.
Épisode 2 : Une terre à vendre
Entre 2000 et 2020, ce sont 33 millions d’hectares de terres agricoles qui ont fait l’objet de transactions à l’échelle internationale. Ces transactions ont atteint leur apogée au début des années 2010. Aujourd’hui, les observatoires fonciers internationaux alertent sur une nouvelle ruée vers l’or brun, avec des acquisitions foncières qui se multiplient dans le secteur agricole et le secteur minier. La recherche a un rôle prépondérant à jouer face à cette nouvelle tendance. Collecte et analyses des données, transparence sur les transactions effectuées, étude des impacts socio-économiques pour les populations locales, revalorisation des droits coutumiers d’accès à la terre… Les réseaux de solidarité qui se construisent à l’international créent des va-et-vient d’informations entre les peuples autochtones et les organisations internationales. Derrière ces questions foncières, l’enjeu pour la recherche est de replacer les terres acquises dans un contexte géographique donné, afin de documenter au mieux les évolutions et d’accompagner les populations vulnérables dans la défense de leurs droits.
Épisode 3 : Du carbone dans mon champ
L’agriculture a tour à tour été perçue comme une cause, puis une victime du changement climatique. Aujourd’hui, on conçoit aussi le secteur agricole comme une source de solutions, à la fois pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et pour atténuer leurs impacts. L’une des pistes les plus discutées sur la scène internationale est la capacité de stockage de carbone dans les sols cultivés. De nombreuses certifications ont vu le jour ces dernières années, dont les très connus « crédits carbone », des certifications spécialisés sur une quantité estimée de carbone séquestré sur une surface cultivée donnée. D’autres types de certifications, plus généralistes, labellisent des produits en valorisant des pratiques agricoles durables. Dans cette jungle de standards et d’incitations économiques, la recherche participe à clarifier les coûts et les bénéfices de chaque certification pour les agriculteurs. De récentes études montrent par exemple que les crédits carbone sont inadaptés aux contextes des petites exploitations du Sud.
Épisode 4 : L’agroécologie est rentable
L’agroécologie est un concept scientifique récent, mais une réalité agronomique ancienne. Ces dernières décennies, la recherche agronomique a permis de mettre en lumière les bénéfices environnementaux et sociaux des pratiques agroécologiques. Malheureusement, ces qualités socio-environnementales restent souvent invisibles lors de la vente. Pour améliorer leur accès aux marchés, des agriculteurs dans plusieurs pays du Sud testent des certifications non marchandes, basées sur des réseaux de solidarité ancrés dans les territoires. Parmi elles : les systèmes participatifs de garantie (SPG). Ces dispositifs coopératifs permettent non seulement la valorisation économique des produits agroécologiques, mais aussi la gestion collective des risques dans des environnements menacés par le changement climatique. La recherche a un rôle important à jouer pour légitimer ces nouvelles certifications.
Épisode 5 : Lait local, or blanc
Le pastoralisme, basé sur la mobilité des troupeaux, est une pratique d’élevage répandue dans les régions semi-arides. Parfois, il participe, avec de l’agriculture et de la sylviculture à un véritable système agricole. Longtemps considérées comme inefficaces du point de vue de la production, les activités pastorales souffrent d’un manque de soutien structurel. En Afrique de l’Ouest, par exemple, la production locale de lait ne peut pas faire face sur les marchés urbains aux prix concurrentiels des poudres de lait importées. Des travaux de recherche ont mis en avant les pratiques controversées de certaines entreprises européennes, ainsi que l’appauvrissement nutritionnel de ces poudres par rapport aux produits locaux. La proximité avec les acteurs de terrain et le relai à l’international des données analysées a engendré un changement de politiques au niveau de l’Union européenne.
Épisode 6 : Nos santés
One Health, ou Une seule santé, est à la fois un concept scientifique et une méthode. Théorisée depuis plus de vingt ans, cette approche met en évidence les liens entre santé humaine, santé animale et santé des écosystèmes. Malgré un consensus scientifique évident, la prise de conscience politique n’a pu se faire qu’au prix d’une pandémie. Depuis la covid-19, les initiatives internationales se multiplient pour mettre en pratique l’approche One Health. PREZODE en est un exemple probant. En essayant de construire des réseaux de détection précoce des émergences épidémiques, l’initiative espère éviter la prochaine pandémie. En Asie, des systèmes de surveillance communautaire se mettent en place et se relient à des réseaux internationaux.
Sortie le 22 novembre