Suer à grosses gouttes d’huile de palme
Suer à grosses gouttes d’huile de palme
En Malaisie, Arulsan Edris cultive des palmiers pour en vendre l’huile. Au milieu des cobras et des rats, il gagne tout juste de quoi vivre
Aruslan Edris n’a jamais vraiment quitté cette terre de mangrove où il est né il y a quelque quarante-six années, au nord de Bornéo, dans l’État de Sabah, en Malaisie. Les marais peuplés de macaques et d’oiseaux sont sa vraie demeure. Ses parents vivaient de pêche, et travaillaient parfois dans une plantation de caoutchouc. Son père chassait aussi le buffle, ces animaux d’apparence paisible aux longues cornes pointues. Une activité qu’il pratique à l’occasion, qui lui permet de gagner 50 ringgits (12 euros) par animal attrapé. « Les buffles ont tous un propriétaire, mais ils se promènent en liberté dans la mangrove. Quand il faut aller les chercher pour que leur propriétaire les vende, c’est compliqué : il faut les attraper avec des cordes, mais ils ont tendance à s’enfuir dans l’eau… C’est toute une technique », raconte-t-il fièrement, un soir, à la tombée de la nuit. Si courir après les buffles lui permet, parfois, de stabiliser ses revenus, il vit surtout de la vente des fruits des palmiers à huile qui entourent sa maison. Soit trois hectares d’arbres plantés sur des terres qu’il loue. Le terrain, saumâtre, n’est pas idéal pour la végétation. Pour lutter contre l’humidité trop abondante, Aruslan entretient des petits canaux entre les rangées d’arbres, et doit régulièrement couper des branches de palmiers ; elles tapissent le sol et le rendent un peu moins meuble, ce qui permet de circuler à pied dans la plantation. Les palmiers sont aspergés de pesticides deux fois par mois, et les fruits récoltés tous les mois.