Triple défi environnemental pour l’agriculture familiale
Bien que la dégradation accélérée de l’environnement soit un enjeu global, on ne souligne pas assez l’extrême inégalité des conditions face à ce péril commun. Les trois milliards de petits producteurs ruraux des pays du Sud sont certainement les plus exposés aux conséquences écologiques du modèle de développement actuel. Trois menaces environnementales majeures sont responsables de cette situation d’urgence écologique :
- le changement climatique
Dans les pays du Sud, la priorité pour la petite agriculture n’est pas d’adopter des moyens de production moins polluants, étant donné leur faible taux d’émissions de gaz à effet de serre. Le véritable défi pour ces pays est d’améliorer les capacités de résistance et d’adaptation de leur agriculture familiale. Pour ces millions de paysans confrontés à la diminution de la pluviométrie, il s’agit d’adopter des techniques agricoles permettant de produire autant, voire davantage, dans des conditions plus difficiles (amélioration de la capacité des sols à retenir l’eau, semences et espèces animales plus économes en eau,…). Plusieurs pays sahéliens ont adopté un Plan d’action nationale d’adaptation (PANA).
- l’expropriation des ressources naturelles
Le développement accéléré de l’agriculture et de la sylviculture industrielle, la croissance de la demande mondiale en céréales, en viande, en agrocarburant,… sont autant de facteurs qui redoublent l’attrait des investisseurs internationaux pour les territoires les plus fertiles du Sud. Les octrois de terres se font souvent au détriment des populations locales du fait de la faiblesse desdroits fonciers. Malgré le rapport de force défavorable, certaines communautés entrent en résistance.
- la généralisation de techniques agricoles non durables.
La faiblesse des rendement dans le pays du Sud est moins du à un manque d’accès aux intrants chimiques et aux biotechnologies (OGM, etc.) que la conséquence des choix de politique économique faits dans le domaine de l’agriculture ces trente dernières années dans les pays du Sud qui ont causé d’énormes préjudices à la petite paysannerie. L’enjeu aujourd’hui est de :
- réhabiliter l’idée de la nécessité de l’intervention publique dans le domaine agricole
- veiller à ce que ce retour des politiques de soutien à l’agriculture familiale se traduise par la diffusion de pratiques agricoles durables.
Il s’agit de rendre les petits agriculteurs moins dépendants de leurs créanciers et des grands groupes de l’agrobusiness et du phytosanitaire.