Un regard sur le prix : les centrales d'achat internationales de la grande distribution
En Europe les supermarchés occupent une place très importante dans la chaîne de distribution alimentaire. Six centrales d’achat internationales opèrent au niveau Européen. Elles sont inconnues du grand public et leur activité se fait dans l’ombre, SOMO la décrypte.
Résumé :
La plupart des consommateurs passent par la grande distribution pour se nourrir. Face à cet enjeu, les différents groupes de distributeurs se livrent une compétition sans merci qui les amène à adopter des pratiques commerciales injustes envers leurs fournisseurs. Cette synthèse s’intéresse au modèle de centrales d’achat commun à tous les pays européens.
Pratiques commerciales injustes
En se fournissant de manière groupée à travers des centrales, les supermarchés augmentent leur poids dans les négociations, et ce de manière disproportionnée. La position de force occupée par les distributeurs leur permet d’user de pratiques commerciales injustes envers leurs fournisseurs, producteurs et acteurs de la transformation. Les pratiques commerciales injustes impactent les prix et la variété des produits qui sont proposés aux consommateurs. Les distributeurs, en imposant une préférence pour des produits uniformisés, réduisent la diversité agricole. Les prix tirés vers le bas affectent la compétitivité des petits producteurs et les conditions de travail dans les pays en développement. De plus, parce que les centrales d’achat se fournissent dans différents pays, les producteurs font maintenant face à une compétition accrue, non plus seulement nationale mais internationale.
Rapports de force asymétriques
Les centrales d’achat entraînent un double problème de transparence et d’asymétrie d’information. Dans les systèmes d’achats en ligne des détaillants, les fournisseurs doivent donner des informations sur leurs capacités, leurs usines, leurs profits nets et leurs volumes. Le groupe international d’achat communique ensuite ces informations aux différents membres ; plus le groupe est important, plus les informations sont susceptibles de circuler. Les fournisseurs n’ont donc aucune marge de manœuvre dans les négociations sur les prix. Ils ne se plaignent pas publiquement ou n’attaquent pas les groupes d’achat en justice, de peur que des représailles affectent sérieusement leur santé économique. Il arrive que des producteurs ou fournisseurs soient contraints de vendre à perte pour garder leurs clients.
Un modèle intenable pour les producteurs
La priorité donnée à des prix bas pour les consommateurs est d’autant plus discutable qu’il n’y a aucune garantie que ces prix soient réellement répercutés au consommateur, et qu’ils correspondent à des prix viables pour les producteurs. Les détaillants sont par ailleurs si puissants que lorsqu’ils réclament des pratiques durables pour l’élaboration des produits, ils font porter les coûts d’amélioration, de respect des normes sociales et environnementales aux seuls fournisseurs.
Lire l'étude (en anglais)