Au Bénin : un programme national d'alimentation pour une meilleure scolarité
Gervais Enagnon Akologbo est ingénieur agronome. Il travaille au sein la branche béninoise d’Entreprises, Territoires et Développement (ETD) comme responsable appui aux PME et promotion des chaines de valeurs. ETD suscite la création de petites entreprises mettant en relation agriculteurs et demande urbaine. ETD a démarré un travail de plaidoyer en vue de l’obtention d’un cadre légal qui permettrait à ces entreprises d’approvisionner les cantines scolaires et par extension, d’impulser un développement local.
Le gouvernement béninois intervient-il dans les programmes des cantines scolaires ?
Le gouvernement intervient dans les programmes d’alimentation scolaire depuis les années 2000. Dans cette tâche, il était accompagné par plusieurs partenaires parmi lesquels le Pam, le Catholic Relief Service (CRS) ou encore le Partenariat mondial pour l’éducation (PME).
Afin de coordonner ces différents partenariats, l’État a créé en 2013 une Direction de l’alimentation scolaire (DAS) rattachée au Ministère de l’Éducation nationale. Les faibles capacités de cette structure (financières, organisationnelles) ont conduit au non fonctionnement des cantines scolaires durant deux années. Ce premier programme gouvernemental s’est achevé en 2015 avec un bilan peu satisfaisant.
En 2018, le nouveau gouvernement a lancé le Programme d’alimentation scolaire intégré (Pnasi) dans l’objectif de réduire la faim chez les écoliers « en développant une approche multisectorielle et en privilégiant les achats locaux pour améliorer les performances scolaires, la diversité alimentaire et la nutrition des élèves dans les écoles à cantines ». 3 851 écoles ont été identifiées à travers le pays pour être bénéficiaires du programme. La mise en œuvre des cantines du gouvernement a été confiée au Programme alimentaire mondial (Pam) qui collabore dans sa mission avec des ONG locales.
Nos entretiens avec les directions de l’alimentation scolaire (DAS) et de l’enseignement primaire (DEP) ont révélé qu’au titre de l’année scolaire 2019-2020, le Pnasi avait finalement couvert 3 234 écoles en cantines scolaires. Hors Pnasi, le Pam a organisé un service de cantine dans 618 écoles et le CRS dans 144 écoles.
À combien s’élève le budget attribué au Pnasi ?
Initialement, le programme était financé par l’État à hauteur de 27 milliards de FCFA. Grâce aux contributions des partenaires financiers du Bénin, ce budget a été porté à 48 milliards de FCFA en 2018. Il finance les frais d’appui directs du programme tels que les frais de gestion des cantines (dans lesquels on compte les salaires du personnel), les frais administratifs, les ustensiles et les denrées[1]. Il permet de financer les repas pour l’intégralité de l’année scolaire (soit 165 rations par élève). Toutefois, une contribution est demandée aux parents d’élèves pour acheter les produits périssables nécessaires à la préparation des repas : poissons, condiments et produits maraîchers (tomates, piments, oignons etc.) La contribution des parents est indispensable au bon fonctionnement des cantines, dans l’optique d’assurer aux écoliers des mets ayant une certaine saveur. La valeur de cette contribution varie entre 50 et 25 FCFA par enfant et par jour [...]
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Pour creuser le sujet :
- AFL/ETD, Étude de faisabilité de l’approvisionnement des cantines scolaires en produits locaux au Togo et au bénin, 2021
- Joseph Koutchika, Au Bénin : un accord cadre pour gagner des marchés publics, 2021
- Nasser Lawani, Au Togo : les « mamans cantines », un nouveau débouché possible pour les paysans, 2021
- David Eloy, Gianluca Ferrera et Tahirou Traoré, Achats institutionnels : un défi stratégique pour l'agriculture ouest-africaine, 2019
[1] Sur les 27 milliards de FCFA prévus au départ pour le Pnasi, 11 747,7 millions de FCFA étaient prévus pour l’achat des denrées soit environ 43,5% du portefeuille.