Au Mali : un modèle coopératif en faveur des éleveurs
Mahamoud Sow (ONG ICD) gère un projet d'appui à l'élevage dans la région de Koulikoro. En accompagnant des minilaiteries, ICD soutient les éleveuses et les éleveurs qui en sont parties prenantes. À l’expérience, le modèle coopératif apparaît en effet comme une organisation vertueuse pour la minilaiterie et la filière lait local dans son ensemble.
Quelle est l'historique de vos actions sur la filière lait ?
Parmi toutes les entreprises de transformation agroalimentaires (torréfaction du soja, décorticage du fonio, etc.) dont nous avons accompagné la création, il y a une douzaine d’unités laitières. La filière lait est en effet au cœur de l’action d’ICD depuis sa création en 2001. Par la suite, nous avons aussi mis les éleveurs en relation avec un distributeur de produits agroalimentaires de Bamako. Avec les laiteries industrielles, c’est compliqué, seule Malilait achète du lait local pour fabriquer certains produits.
Notre action ne se limite pas au côté commercial puisque nous intervenons souvent en amont de la filière, pour l'organisation des producteurs, en concertation étroite avec les organisations d’éleveurs laitiers aux niveaux national (Fédération nationale des producteurs de lait du Mali, Fénalait) et sub-national (Ferlait pour la région de Koulikoro). La plupart des minilaiteries (à San, Koutiala, Fana, Koumantou, Badinko etc.) sont aujourd’hui autonomes financièrement, même si la saison des pluies reste une période difficile avec une baisse de la consommation alors même que la production est abondante. Une solution est qu’elles puissent avoir une trésorerie suffisante pour transformer de grandes quantités de lait en ghee (beurre liquide) qui peut être stocké. Nous avons aussi essayé avec le fromage mais la demande ne suit pas, car les consommateurs n’ont pas cette habitude alimentaire.
Sur quels aspects insistez-vous pour le soutien à la filière lait ?
Nous avons construit des banques d’aliment-bétail, des marchés à bétail, notamment à Koulikoro où nous insistons surtout sur l'amélioration de la santé animale. À la création d'une minilaiterie, nous faisons en sorte qu'il y ait un cabinet vétérinaire, une banque d’aliment-bétail et si possible, un parc de vaccination.
Deux nouvelles minilaiteries ont vu le jour en 2020 : une à Dioïla et l'autre à Touba. La demande existe au niveau de ses petites villes [de la région de Koulikoro]. Mais au vu de la distance avec Bamako, 160 et 150 km, il faut s’assurer de la disponibilité de vétérinaires. Le projet accompagne déjà deux vétérinaires installés à Dioïla. Un autre vétérinaire vient d’être recruté à Touba. Il bénéficiera de formations, d'équipements, ainsi que de notre appui pour l’obtention de documents administratifs indispensables (agrément et mandat sanitaire pour la localité concernée). [...]
Propos recueillis en avril et septembre 2020 par Gabrielle de Dianous (CFSI)
Pour creuser le sujet :
- Visiter le site de l’ICD
- Témoignage, Allier entreprise privée et organisations de producteurs pour dynamiser la filière lait local : Malick Diallo fait le point sur l’ESOP, 2013
- Innovation, Minilaiteries et marque collective Danaya Nono, 2014