Commercialisation groupée pour un karité de qualité
Oumar Tiémogo Cissé est le chargé des programmes du Réseau des productrices de beurre de karité des Hauts Bassins et des Cascades (RPBHC). Cette organisation créée en 2008 compte aujourd’hui plus de 10 000 membres fédérés à travers 255 groupements. Depuis 2011, le réseau développe un modèle de commercialisation groupée pour que ses membres accèdent à de meilleurs débouchés.
Pourquoi se lancer dans la commercialisation groupée ?
Auparavant, les groupements produisaient et vendaient de manière individuelle à leurs clients et les prix pratiqués n’étaient pas à leur avantage. Ils manquaient d’organisation et de maitrise des techniques de négociation commerciale, malgré la qualité des produits offerts. Le RPBHC s’est alors proposé de les accompagner pour lever ces deux difficultés. C’est ainsi qu’en 2011 a démarré la commercialisation groupée avec pour objectif de développer un modèle qui profiterait aussi bien aux clients, en termes de qualité des produits proposés, qu’aux groupements de femmes qui obtiendraient des prix plus rémunérateurs.
Quels sont les résultats obtenus par ce modèle de commercialisation ?
Ils sont d’ordres économique, environnemental et social. C’est la raison pour laquelle nous qualifions notre modèle de durable. En termes économiques, les membres des groupements avec qui nous travaillons ont amélioré leurs ventes, donc leurs revenus. Les données statistiques que nous collectons au fil des années montrent une importante augmentation des quantités commercialisées.
En effet, entre 2011 et 2017, nous sommes passés de 256 à 1 088 tonnes (soit plus de 4 fois la quantité initiale) pour l’amande équitable, et de 41 à 970 tonnes (soit plus de 20 fois la quantité initiale) pour l’amande biologique. Par ailleurs, le réseau bénéficie auprès des clients, des bonus qualité et logistique qui proviennent respectivement du respect de la qualité des amandes et des délais de livraisons. En effet, lorsque la qualité est équivalente ou supérieure à celle demandée par le client ou lorsque le client est livré avant le délai prévu au contrat, le réseau augmente les prix de vente afin d’obtenir une marge supplémentaire. Ces bonus sont convertis en primes et un comité, mis en place au niveau du réseau, décide de son utilisation. Grâce à ces primes, les acteurs sont encouragés et peuvent bénéficier de divers matériels (vélos, bassines, magasins de stockage, etc.).
Sur le plan environnemental, nous avons réussi à induire chez les femmes productrices un changement de comportement. Elles ont adopté des pratiques biologiques. L’accroissement de la production des amandes de karité biologiques en témoigne.
Sur le plan social, les femmes avec qui nous travaillons bénéficient des cours d’alphabétisation et des formations dans divers domaines, notamment en réalisation de pépinières. Elles gagnent donc aussi bien en autonomie financière qu’en leadership au sein de leur communauté. Ceci leur permet d’occuper différents postes de responsabilité. Certaines d’entre elles sont sollicitées par des organisations pour conduire des formations en réalisation de pépinière. [...]
Propos recueillis en janvier 2018 par Yvon Saroumi (Inter-réseaux)
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