Deux minutes pour ressentir l'accaparement des terres
Oxfam Grande Bretagne propose une courte vidéo d'animation, sans parole et accessible à tous les publics sur le phénomène d'accaparement des terres.
En complément, Oxfam France propose un jeu de questions/réponses permettant d'expliquer les tenants et les aboutissants du phénomène. Extraits :
Les accaparements de terres, c’est quoi ?
Accaparer une terre c’est acquérir un droit foncier (que ce soit un droit de propriété, via l’achat de terre, ou un droit d’usage, via la signature d’un bail emphytéotique de longue durée) aux dépends des populations qui travaillent traditionnellement cette terre et vivent des ressources qu’elles y trouvent et qu’elles y produisent. Accaparer une terre, c’est donc mettre en péril le droit à l’alimentation des populations paysannes les plus vulnérables dont les droits fonciers sont peu sécurisés.
Quelle est l’ampleur du phénomène ?
203 millions d’hectares de terres ont accaparées dans le monde entre 2002 et 2012. C’est-à-dire une superficie équivalente à la moitié de l’Union Européenne, ou quatre fois la France métropolitaine. Les deux tiers des 203 millions d’hectares qui auraient été accaparés entre 2000 et 2012 se situent en Afrique subsaharienne.
Qui accapare les terres ?
Il peut s’agir d’États qui cherchent à sécuriser leur indépendance alimentaire et/ou énergétique par exemple. Mais le plus souvent ce sont des acteurs privés qui vont se tourner vers le foncier pour diversifier leurs portefeuilles d’investissements. Les élites locales jouent un grand rôle dans ce processus et l’investissement direct étranger est en grande partie intra-régional.
On parle souvent des agrocarburants, pourquoi ?
Les politiques européennes ou nord-américaines de soutien à la production et à la consommation d’agrocarburants créent une demande croissante au niveau mondial. Investir dans le foncier agricole pour produire des denrées alimentaires ou des agrocarburants, c’est prendre assez peu de risques pour un acteur économique ou financier. Dans un contexte de crise, le foncier est une valeur refuge, qui offre de fortes opportunités de rentabilité à long terme.
Est-ce que les investissements fonciers peuvent participer au développement des pays pauvres ?
Si les investissements fonciers se révèlent très rentables pour les investisseurs, ils profitent rarement aux populations les plus pauvres des pays touchés. Les agricultures paysannes représentent la majorité des agricultures du monde et sont les garants de la sécurité alimentaire mondiale : les déstructurer en privant les paysans de leurs moyens de production remet en cause le droit à l’alimentation. Les populations rurales sont privées de leurs droits sur leurs terres et leurs ressources naturelles et sont souvent dans l’obligation de migrer vers les centres urbains incapables de leur fournir des emplois. Les pays hôtes eux-mêmes la plupart du temps ne bénéficient pas, ou très partiellement, des emplois et des infrastructures promis par les entrepreneurs privés.
Les accapareurs peuvent-ils agir en toute impunité ?
Bien souvent les processus d’accaparement sont tout à fait légaux. En Afrique par exemple, ce sont les États qui, à la suite des indépendances, ont récupéré de l’ancien pays colonisateur l’ensemble des droits fonciers sur leur territoire. L’État peut donc céder des droits sur ses terres pour des raisons d’intérêt général défini par lui-même, au mépris des droits d’usage souvent collectifs, coutumiers, et très peu sécurisés des populations qui exploitent ces terres depuis des siècles.
Source : Oxfam France, Accaparement des terres : questions/réponses
Pour creuser le sujet :
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