Ibrahim Sarr nous parle des intrants biologiques de la région de Kayes au Mali
Dans la région de Kayes, 80 % des femmes vivant près d’un point d’eau sont maraîchères. En réaction à la crise alimentaire et à la flambée du prix des intrants chimiques en 2008, le Réseau régional des horticulteurs de Kayes (RHK) s’est lancé dans la production d’intrants biologiques.
Ibrahim Sarr est directeur du RHK, qui rassemble aujourd’hui 24 000 producteurs. Avec le Groupe de recherche et de réalisations pour le développement rural (GRDR) il travaille au renforcement de la production et de la commercialisation de semences et produits bio.
Pourquoi avez-vous centré votre action sur la production d’intrants ?
La semence d’oignon était la chasse gardée des firmes. Aujourd’hui les maraîchers de Kayes sont quasi autonomes, grâce à la formation aux techniques de production des semences d'oignon, la complicité avec la recherche agronomique et le service semencier national.
Pourquoi ce choix de l’agroécologie ?
Les semences hybrides F1 obligeaient à un renouvellement annuel coûtant 6 500 FCFA les 100 g. Les producteurs de semences du RHK vendent moitié moins cher, sans baisse de qualité.
Vous comptez développer les circuits-courts pour atteindre les consommateurs urbains, pourquoi ?
Il faut tenir compte du pouvoir d'achat du consommateur moyen. La grande masse de la population n’est pas réceptive au critère sanitaire et solidaire, à la différence entre bio et non bio, elle s’intéresse au prix. Les pratiques de relation directe avec les consommateurs permettent de baisser le prix.
Vous comptez commercialiser des paniers comprenant à la fois des produits maraîchers et de l’élevage (fruits, légumes, œufs et lait), pourquoi ?
Nous souhaitons créer une relation entre maraîchers et éleveurs, une sorte de don et contre-don : fournir des résidus de maraîchage pour l’alimentation animale, et des résidus d’élevage comme intrants biologiques.
Les producteurs sont-ils réceptifs à l’utilisation d’intrants biologiques?
La plupart de nos membres utilisent systématiquement du compost et des intrants bio. Les agriculteurs voient que les techniques agroécologiques réduisent les coûts de production et allongent la conservation des produits. Notre réseau a ainsi gagné en visibilité et légitimité : les organisations membres étaient 65 en 2009, 92 en 2011 et nous recevons des demandes chaque semaine. [...]
Propos de septembre et décembre 2011 et de janvier, mars et août 2012 édités par Justine Mounet en août 2013. Photos © RHK
Pour creuser le sujet :
Étude, Les agriculteurs familiaux luttent pour des systèmes alimentaires durables, 2013
Témoignage, Ibrahim Sarr, Développement agricole et situation politique au Mali