Impact de la crise Covid-19 sur la sécurité alimentaire
La pandémie de Covid-19 a de graves conséquences sur les économies ouest-africaines, figurant parmi celles qui, dans le monde, sont les plus ouvertes au commerce international. S’y ajoute le fait que la plupart des Ouest-africains n’ont pas de revenus fixes garantis, les baisses de revenus font dès lors craindre une crise alimentaire majeure.
Plus de cinquante professionnels ont contribué à la discussion #9 du forum Pafao-Roppa-Jafowa, essentiellement depuis le Sénégal et le Burkina Faso. Si la situation sanitaire semble sous contrôle, les conséquences économiques sont désastreuses pour les populations.
Des effets directs sur les filières agricoles :
- difficultés de production ;
- difficultés de commercialisation (aggravées par l'extraversion des filières et par les mesures prises qui favorisent les gros opérateurs et les produits importés) avec tout de même des innovations pour contourner les barrières mises à la commercialisation
=> Le risque d'une diminution de l'offre se profile à moyen terme
Une crise d'accès à l'alimentation est redoutée
À la mi-2020, la difficulté principale est la baisse des revenus. « L’argent ne circule plus » est le sentiment général. À l’échelle de l’espace ouest-africain, les chiffres de la Cedeao montrent que, dans le contexte de la crise sanitaire, environ 51 millions de personnes sont actuellement sous pression et risquent de basculer en phase de crise d’ici juin-août 2020. L’Apess craint en outre que la sous-alimentation et la malnutrition ne touchent particulièrement les enfants et les femmes allaitantes, avec des conséquences à long terme : augmentation des pathologies liées à la carence alimentaire et de la mortalité infantile.
Agir sur la résilience à long terme : favoriser le consommer local
Les pays d’Afrique de l’Ouest semblent avoir réagi très vite et de manière efficace en ce qui concerne les aspects sanitaires. L’économiste Felwine Saar répond aux discours alarmistes : « Même si le continent s’en sort plutôt bien, il faut donc prédire une catastrophe. Tout, sauf admettre que l’Afrique s’en sort face au Covid-19. » Intéressante réflexion qui ne doit pas nous empêcher d’alerter sur le fait que, d’une part, l’espérance de vie reste beaucoup plus faible, et d’autre part que les implications économiques, notamment celles des mesures et restrictions pour limiter la pandémie, sont désastreuses pour une grande majorité de la population.
Cette crise sanitaire montre à quel point les mécanismes d'anticipation et de régulation des grandes crises sont fragiles et défectueux. Elle pose la question de l’avenir des systèmes alimentaires qui font vivre 60 % de la population et de la position du consommer local sur les marchés ouest-africains. Le modèle productiviste, dans un système mondialisé dérégulé, dégrade les écosystèmes et représente une impasse pour la pérennité et le développement de l’agriculture familiale. Les systèmes alimentaires durables fondés sur une gestion économe des ressources sont une nécessité et une réelle opportunité pour les économies rurales.
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Creuser le sujet :
- Note d’analyse des premiers impacts de la pandémie de la Covid-19 sur les exploitations familiales, Apess, avril 2020
- Point presse de Nadjirou Sall, président du CNCR, avril 2020
- Le Covid-19 et la crise dans les systèmes alimentaires, communiqué d'Ipes-Food, avril 2020
- Covid-19 et crise alimentaire, les principaux mécanismes à l’œuvre, Materne Maetz, juin 2020
- Kako Nubukpo, L’urgence africaine, CFSI, décembre 2019